La Cenco s’est donné les moyens de réaliser une vraie observation de ce scrutin. ” Le cardinal Ambongo et l’abbé Nshole exagèrent”. La phrase, prononcée par un diplomate européen au lendemain des célébrations de Noël à Kinshasa, semble démontrer qu’une certaine communauté internationale, au nom d’une stabilité à très court terme, est prête à dérouler le tapis rouge au président sortant, qui pourrait une fois de plus s’installer sur le trône du Congo sans avoir remporté le vote populaire. Au centre de cette approche, la crainte de froisser le pouvoir en place, quitte à lui passer tous les abus. Quitte à s’asseoir sur les aspirations du peuple congolais. ” On ne parle plus à l’Afrique comme on le faisait il y a quelques années, répète un diplomate, qui met en avant “le traumatisme laissé par les coups d’État à répétition dans le Sahel”. Face à cette attitude, l’Église catholique congolaise, qui s’est donné les moyens de monitorer ce scrutin, est donc sous haute pression, notamment de Washington mais aussi des chancelleries “qui comptent” à Kinshasa, surtout ce mardi soir, à quelques heures de la première manifestation annoncée par une partie de l’opposition qui appelle à la tenue d’un nouveau scrutin. “Le cardinal Ambongo n’a pas été tendre avec le régime et avec cette élection, mais il l’a fait avec intelligence et tact”, reconnaît un autre diplomate, qui refuse l’idée que “l’Afrique ne puisse bénéficier des mêmes standards diplomatiques que le reste du monde.” Parallèlement, l’Église catholique – et protestante – sait qu’elle est attendue par des millions de Congolais qui n’ont pu s’exprimer lors de ce scrutin et qui n’ont pas oublié qu’en 2018, les évêques avaient contesté les résultats “officiels”, sans oser enfreindre la loi qui réserve l’annonce du verdict des élections à la Ceni. Aujourd’hui, les évêques ont déjà retardé l’annonce des chiffres qu’ils ont recueillis qui pourraient ne pas être en phase avec ceux de la Ceni. L’enjeu est crucial. Le pouvoir le sait. Il craint la colère populaire à l’annonce des résultats qu’il a “préparés”. Un bras de fer se joue en coulisse entre tenants du respect des électeurs et partisans d’un pragmatisme court-termiste qui ne fera qu’accentuer l’appétit des dictateurs en devenir. Que pensez-vous de cet article?
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Noé Juwe Ishaka ; Ph.D Candidate ;
Adler University, Chicago Campus, IL
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