Selon le Sunday Times, la présidente de la Commission européenne aurait accepté un accord commercial déséquilibré pour éviter une rupture du soutien des États-Unis à l’Ukraine, provoquant une fronde croissante au sein de l’UE
Selon une enquête du Sunday Times, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, aurait accepté sans véritable résistance un accord commercial désavantageux avec les États-Unis, cédant à la pression du président américain Donald Trump. Cette décision aurait été motivée par la crainte que Washington réduise son soutien militaire à l’Ukraine, voire retire des troupes américaines stationnées en Europe.
Le journal britannique revient notamment sur la visite récente de von der Leyen au terrain de golf de Trump en Écosse, où elle aurait consenti à l’imposition d’un tarif douanier de 15 % sur la majorité des exportations européennes vers les États-Unis. Le Sunday Times décrit cette rencontre comme une véritable « capitulation ».
Initialement, les services de la Commission avaient préparé un ensemble de mesures de rétorsion en réponse à l’annonce, en avril, de droits de douane américains de 20 %. Mais face à la menace d’un relèvement à 30 %, Ursula von der Leyen aurait reculé, renonçant à toute confrontation directe. Selon les sources du journal, cette volte-face s’explique par la peur que Donald Trump n’utilise ce différend commercial comme prétexte pour affaiblir le soutien militaire américain à l’Ukraine, ou pour nuire à la sécurité européenne plus largement.
Bruxelles était particulièrement inquiète des conclusions d’un réexamen stratégique en cours à Washington, qui pourrait déboucher sur le retrait de certaines unités parmi les quelque 80 000 soldats américains stationnés en Europe.
L’accord finalement conclu la semaine dernière prévoit non seulement l’acceptation du tarif de 15 %, mais également un engagement de l’Union européenne à investir 600 milliards de dollars dans l’économie américaine, ainsi qu’à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine sur une période de trois ans. À titre de comparaison, le Royaume-Uni, négociant indépendamment, a obtenu un tarif plus favorable de 10 % sur ses exportations.
Cette concession a provoqué une vague de critiques au sein même de l’Union européenne. Le président français Emmanuel Macron aurait fustigé un résultat qui montre, selon lui, que l’Europe « n’inspire pas assez la crainte ». De son côté, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a déclaré que Trump « l’a mangée au petit-déjeuner », accusant von der Leyen d’avoir outrepassé ses compétences en s’engageant, sans mandat clair, à acheter des quantités importantes d’armement américain.
Par ailleurs, Ursula von der Leyen fait face à une contestation croissante sur la scène politique européenne. Elle pousse actuellement à réorienter une part importante du prochain budget pluriannuel de l’Union — estimé à 1 800 milliards d’euros — au détriment de l’agriculture et du développement régional, au profit de la défense et de la militarisation.
Elle a récemment échappé de peu à un vote de défiance au Parlement européen, en raison de critiques sur son mode de gouvernance et des controverses liées à la gestion des achats de vaccins contre la Covid-19. Pour plusieurs eurodéputés cités par le Sunday Times, ce mandat pourrait bien être le dernier si elle ne redresse pas la barre.
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