Trump et Gaza : Un « messager de Dieu » ou un projet explosif ?

L’initiative américaine entre enthousiasme israélien et rejet international

En présentant son plan ambitieux pour Gaza, Donald Trump a une nouvelle fois secoué la scène internationale. Sa proposition ? Que les États-Unis prennent le contrôle du territoire palestinien pour en faire “la Riviera du Moyen-Orient”, une destination touristique florissante reconstruite après les ravages de la guerre.

Si cette idée a été accueillie avec enthousiasme par de nombreux responsables israéliens, elle a également déclenché un tollé diplomatique, avec des accusations d’ingérence, de néo-colonialisme et même d’épuration ethnique.

Dans ce contexte explosif, Trump est-il réellement un “messager de Dieu” pour Israël, comme l’a déclaré Aryeh Deri, le leader du parti ultra-orthodoxe Shas ? Ou bien son projet cache-t-il une redéfinition plus large des dynamiques géopolitiques au Moyen-Orient ?

Un projet surréaliste ou une vision stratégique ?

Lors de sa conférence de presse avec Benjamin Netanyahu à la Maison-Blanche, Trump a dévoilé son plan avec un enthousiasme déconcertant. Il propose que les États-Unis :

• Prennent en charge la reconstruction de Gaza, en démantelant les explosifs et les ruines causées par la guerre.
• Transforme le territoire en un centre touristique international, à l’image de la Côte d’Azur.

« Je ne veux pas être prétentieux, mais… la Riviera du Moyen-Orient. Ce pourrait être tellement magnifique », a-t-il déclaré.

Cette vision repose sur une hypothèse discutable : celle que la population palestinienne accepterait volontairement un changement total de gouvernance après des décennies de conflit.

Pourquoi Trump veut-il Gaza sous contrôle américain ?

1. Une opportunité électorale aux États-Unis
   • Trump cherche à renforcer son image de leader mondial, capable d’apporter des solutions aux crises internationales.
   • En pleine campagne électorale, il mise sur le soutien inébranlable de l’électorat évangélique et pro-israélien.
2. Une stratégie de neutralisation des critiques contre Israël
   • En délégitimant les revendications palestiniennes sur Gaza, Trump renforce la position israélienne dans le conflit.
   • Ce projet pourrait permettre à Israël de se décharger du fardeau humanitaire de Gaza.
3. Un test pour de futures interventions américaines ?
   • Certains analystes voient cette proposition comme une expérimentation de gouvernance sous tutelle américaine.
   • Washington pourrait étendre ce modèle ailleurs, notamment en Syrie ou en Irak.

L’enthousiasme israélien : un soutien unanime de la droite

En Israël, la proposition de Trump a suscité une vague d’enthousiasme parmi les politiciens de droite et d’extrême droite.

• Aryeh Deri (Shas) :
  • « Vous êtes un messager de Dieu pour le peuple juif. Votre engagement indéfectible aux côtés d’Israël est une bénédiction. »
• Benjamin Netanyahu :
  • « C’est une idée qui pourrait changer l’histoire et mérite d’être sérieusement explorée. »
• Itamar Ben Gvir (ex-ministre de la Sécurité nationale, extrême droite) :
  • « Donald, cela ressemble au début d’une belle amitié. »
• Bezalel Smotrich (ministre des Finances, extrême droite) :
  • « Ce projet pourrait être un tournant majeur pour toute la région. »

Pourquoi ce soutien israélien massif ?

1. Un moyen de mettre fin à la question palestinienne sans compromis
   • L’idée de transformer Gaza en un territoire sous contrôle américain signifie que la question d’un État palestinien disparaît de l’équation.
2. Un exutoire pour les défis humanitaires et sécuritaires
   • Israël n’aurait plus à gérer Gaza ni à en assumer les conséquences humanitaires.
   • L’option d’une relocalisation forcée des Palestiniens en Égypte ou ailleurs devient plus crédible.

Un rejet international massif : colonisation ou utopie ?

Mais si Israël applaudit, la communauté internationale s’insurge.

1. Les Palestiniens dénoncent un plan illégal
   • Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a condamné une violation flagrante du droit international.
   • Pour lui, ce projet n’est rien d’autre qu’une annexion déguisée visant à expulser les Palestiniens de leur propre territoire.
2. Le monde arabe s’oppose unanimement
   • L’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie ont rejeté l’idée, évoquant une tentative de déportation massive.
   • Le Caire a réaffirmé son opposition à tout déplacement forcé des Palestiniens vers le Sinaï, ce qui pourrait déstabiliser la région.
3. Les grandes puissances condamnent le projet
   • L’ONU, l’Union européenne, la Chine, le Brésil et l’Australie ont tous exprimé leur opposition.
   • Le Kremlin a réitéré son soutien à une solution à deux États, affirmant que toute autre alternative est vouée à l’échec.

« Toute solution qui ne respecte pas le droit des Palestiniens à l’autodétermination est vouée à l’échec », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

Un projet utopique voué à l’échec ?

L’idée de Trump soulève des interrogations majeures :

• Comment Gaza pourrait-il devenir une zone de luxe après des décennies de guerre et d’instabilité ?
• Que feraient les Palestiniens face à un tel changement imposé ?
• Les États-Unis ont-ils vraiment la capacité et la volonté de gérer un territoire aussi complexe ?

Si ce projet peut sembler séduisant sur le papier, il ignore totalement la réalité politique et historique du conflit israélo-palestinien.

Un coup de com’ ou une révolution géopolitique ?

L’annonce de Trump illustre sa vision du pouvoir : grandiose, provocatrice et spectaculaire. Mais au-delà de l’effet d’annonce, ce projet soulève plus de problèmes qu’il n’en résout.

1. Une solution irréaliste qui ignore les dynamiques locales
   • Il est impossible d’imaginer Gaza devenir une “Riviera” sans une paix durable.
2. Une escalade des tensions avec le monde arabe
   • Ce projet pourrait aggraver le conflit israélo-palestinien en alimentant la frustration et la radicalisation.
3. Un test pour l’avenir des relations américano-israéliennes
   • En soutenant cette initiative, Israël et les États-Unis pourraient se heurter à une opposition internationale croissante.

En fin de compte, Trump est-il vraiment un “messager de Dieu” ou simplement un habile stratège politique ? L’avenir de Gaza, lui, reste plus incertain que jamais.

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