Au Tchad, les principales plates-formes syndicales ont décidé hier de reconduire la grève pour deux semaines, avec service minimum dans les hôpitaux. Depuis six jours déjà, les travailleurs du public sont appelés à cesser le travail pour protester contre la hausse brutale des prix du carburant. Mi-février, le prix du litre d’essence a augmenté de plus de 40 %, provoquant la colère de la population et une hausse des prix sur les marchés.
À l’approche du mois de ramadan, qui entraîne généralement un pic de consommation pour les ménages, la mesure ne passe pas. En guise de protestation, certains partis politiques et organisations de la société civile appelaient à une journée ville morte hier, un mot d’ordre peu suivi dans la capitale Ndjamena où RFI a assisté à l’Assemblée générale des grandes centrales syndicales du pays. « Il y a de l’argent dans ce pays, il y a de l’argent, nous le savons ! »
La Bourse du travail était ainsi bouillonnante, les slogans retentissant dans les haut-parleurs et la colère grondant dans l’assemblée surchauffée. Depuis la hausse des prix du carburant, Daniel Yérima Djaoubé, enseignant, peine à joindre les deux bouts : « J’ai habitude de remplir mon réservoir, mais maintenant, je ne peux plus, explique-t-il. Pour déplacer nos enfants à l’école, en une semaine, on a dépensé plus de 20.000 francs CFA [environ 30 euros, Ndlr] rien que pour le déplacement. Donc, nous demandons au gouvernement : il n’a qu’à subventionner ce prix du carburant. Il y a de l’argent dans ce pays, il y a de l’argent, nous le savons ! »
D’un commun accord, la plate-forme prolonge de deux semaines la grève, quitte à durcir le mouvement plus tard, explique Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad : « Le gouvernement nous a totalement ignorés. Eh bien, il n’y a pas autre chose à faire que de continuer la grève et vous avez constaté la colère des travailleurs.
Les travailleurs sont pour descendre tout de suite dans la rue, descendre pour marcher. Les travailleurs sont pour une grève sèche et illimitée. » Pour justifier cette mesure impopulaire, le gouvernement invoque l’arrivée massive de réfugiés soudanais, les faibles capacités de la raffinerie nationale et la contrebande d’hydrocarbures.
Mais les arguments de l’ancien opposant devenu Premier ministre et potentiel candidat à l’élection présidentielle, Succès Masra, peinent à convaincre ses concitoyens. À lire aussiTchad: une grève de six jours contre l’augmentation des prix de l’essence et du gasoil.
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