Qui a piégé Vidiye Tshimanga ? Une esquisse de réponse est apparue la semaine dernière suite à une enquête du média en ligne Africa intelligence et elle pointe l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, aujourd’hui sous sanctions américaines. Des sanctions qui n’ont, par ailleurs, pas empêché le président congolais Félix Tshisekedi et des membres de son gouvernement de renouer des liens avec Dan Gertler.
Selon cette enquête, Dan Gertler aurait tenté de piéger les hommes du président qui se mettent ou auraient tenté de se mettre en travers de sa route. Deux noms sont évoqués, deux amis proches du président de la République qui, comme lui, ont longtemps séjourné en Belgique : Vidiye Tshimanga et le ministre des Hydrocarbures Didier Budimbu. Deux hommes sans expérience et sans poids politique devenus rapidement, grâce à leur proximité avec le chef de l’Etat, des incontournables du pouvoir à Kinshasa.
Dan Gertler serait donc, pour reprendre une expression désormais à la mode en RDC, la « main noire » qui aurait « poussé » Vidiye Tshimanga a « proposé un pacte corruptif ». Il aurait aussi tenté de piéger Didier Budimbu qui, plus prudent, n’aurait pas succombé à la tentation et ne se serait pas présenté à une rencontre avec « les enquêteurs privés » chargés d’essayer de le corrompre.
Il est évident que ce dossier pose de nombreuses questions. Il est évident que Vidiye Tshimanga a été piégé. Il est évident que celui, celle, ceux, qui ont monté ce piège disposent de moyens financiers importants. Il est évident que les journalistes du Temps qui ont révélé la vidéo dans laquelle l’ex-conseiller explique sa proximité avec le président, les trucs et astuces pour acquérir des droits miniers et ce qu’il entend gagner dans ce « business » au détriment de l’État congolais ont fait leur « job » en confrontant M. Tshimanga à ses déclarations avant de publier ces images.
Corruption au sommet
Mais le souci n’est pas tant le piège que les pratiques de corruption au sommet du pouvoir en République démocratique du Congo. Sans ces pratiques profondément délictueuses, qui appauvrissent l’Etat, qui sont conclues au détriment d’un des peuples les plus pauvres du monde, pas de piège et pas de conseiller piégé.
Vidiye Tshimanga, auditionné et placé sous mandat d’arrêt provisoire le 21 septembre, remis en liberté six jours plus tard, est responsable de ses propos quel que soit le commanditaire de toute la mise en scène qui a précipité sa chute. La justice congolaise doit poursuivre ses investigations.
Au-delà de ce conseiller, c’est la présidence de la République qui est éclaboussé par ce scandale. Le conseiller insiste tout au long de ses entretiens avec « l’enquêteur privé » sur ses relations étroites avec le président et le couple présidentiel.
Le « changement de narratif » qui viserait à rejeter la faute sur Dan Gertler ne change strictement rien aux faits – qui demeurent têtus – et aux propos du conseiller.
Cette contre-offensive expose simplement un peu plus le chef de l’Etat congolais car elle rappelle le rapprochement entre le président de la République et celui que Washington a mis sous sanctions.
Un sentiment de sauve qui peut, quitte à nuire aux plus hautes autorités.
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