C’était dans l’air depuis un certain temps, c’est officiel depuis ce lundi midi, Martin Fayulu rejoint la position esquissée par Joseph Kabila et refuse de participer aux scrutins législatifs et à la présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo.
Celui qui se présente comme le “président élu” du dernier passage par les urnes a tenu une conférence de presse ce lundi 19 juin à Kinshasa lors de laquelle il a expliqué : “notre pays a connu trois cycles électoraux qui ont tous fait l’objet de contestations. S’il est aujourd’hui de notoriété publique que le cycle de 2018 remporte la palme du chaos électoral, le quatrième, en cours, s’annonce comme le détonateur de l’implosion de notre pays, si nous n’y prenons garde”. Et d’ajouter : “Nous ne pouvons pas continuer de faire toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent”.
Comme Joseph Kabila et comme les nombreuses voix qui se sont fait entendre depuis plusieurs semaines, les critiques de Martin Fayulu stigmatisent tout le processus mis en place par la Commission électorale nationale indépendante et en particulier par son président, Denis Kadima Kazadi, mais aussi par le travail de sape des principales institutions de l’État mené par le président Félix Tshisekedi qui vise coûte que coûte à se maintenir au pouvoir.
À six mois jour pour jour des scrutins, les sorties successives de l’ancien président et de Martin Fayulu font monter la pression sur un processus qui s’est déroulé jusqu’ici dans la plus grande opacité, ce qui renforce encore le sentiment de doute qui s’est installé dans la société congolaise. Le refus de laisser auditer le fichier électoral par une organisation indépendante internationalement reconnue a accéléré le mouvement de contestation et fait monter la grogne d’une partie du paysage politique.
Un discours très attendu
La sortie de Martin Fayulu enterre, au moins provisoirement, le front de l’opposition qu’il formait avec Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Augustin Matata Ponyo qui, eux, semblent toujours engagés dans le processus électoral même s’ils se montrent très critiques et appellent aussi à la refonte de la Ceni, à un véritable audit du fichier électoral et une révision de la loi électorale.
Depuis vendredi dernier et la rencontre des cadres du Front commun pour le Congo (FCC) organisée dans la ferme de la banlieue de Kinshasa par Joseph Kabila, tout le monde attend le discours annoncé par l’ancien chef de l’État qui, s’il s’est tenu à l’écart du bouillonnement politique congolais, s’il a conservé une vraie discrétion depuis son départ de la présidence, n’a jamais perdu de vue l’évolution de la situation du pays.
RDCongo: l’opposition s’unit pour réclamer la « dépolitisation de la Ceni »
Une République démocratique du Congo de plus en plus fragilisée, bousculée à l’est, comme à l’ouest désormais, par des mouvements de rébellion qui démontrent l’incapacité du pouvoir à pacifier et simplement gérer l’État. Pire, la RDC de Félix Tshisekedi a réussi à semer la grogne chez ses voisins de l’Est qui avaient accepté d’envoyer des contingents pour lutter contre l’instabilité dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Félix Tshisekedi a ouvertement critiqué le manque d’engagement de ces troupes étrangères qui n’avaient pourtant pas de missions offensives. En appelant à l’aide les pays de l’Afrique australe, il a humilié ses voisins de l’est, tout en faisant monter la frustration dans les rangs des forces armées congolaises qui n’ont jamais été présentées comme une solution à la crise de leur pays. Mal ou non payée, sous-équipée, cette armée se sent aujourd’hui ridiculisée.
Les fronts se multiplient, les grognes aussi.
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