Vers un ordre mondial multipolaire : les enjeux de la Déclaration de Kazan des BRICS
La Déclaration de Kazan des BRICS présente la vision du groupe pour la gouvernance mondiale, le développement économique et la coopération internationale. Lors du sommet de trois jours à Kazan, en Russie, les BRICS ont approuvé mercredi un communiqué commun. Le document aborde plusieurs crises et défis mondiaux, appelant à un ordre international plus juste et équitable.
1. Nouveaux centres de pouvoir :
Le groupe a réaffirmé son engagement en faveur d’un ordre mondial multipolaire où chaque nation dispose d’une voix égale dans les affaires internationales. Cela se reflète dans l’appel du groupe pour une représentation accrue des pays émergents et en développement dans les institutions internationales.
« Nous constatons l’émergence de nouveaux centres de pouvoir, de prise de décisions politiques et de croissance économique, qui peuvent ouvrir la voie à un ordre mondial multipolaire plus équitable, juste, démocratique et équilibré », indique le document. Il ajoute qu’un tel système serait plus bénéfique pour les pays en développement que l’ordre international actuel dirigé par l’Occident.
Les pays BRICS ont salué l’influence croissante des organisations régionales comme l’Union africaine et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Ces entités sont perçues comme des plateformes essentielles pour promouvoir la coopération économique, la sécurité et les échanges culturels entre leurs membres. La déclaration appelle également à un renforcement de l’Organisation mondiale du commerce pour résoudre les différends commerciaux et à une extension du Conseil de sécurité de l’ONU afin d’offrir une meilleure représentation au Sud global.
2. Égalité souveraine et nouveaux partenaires des BRICS :
Le groupe a souligné que chaque pays a le droit de suivre ses propres voies de développement et de prendre des décisions concernant ses affaires internes sans ingérence extérieure. « Nous réaffirmons notre engagement envers l’esprit des BRICS, basé sur le respect mutuel, l’égalité souveraine, la solidarité, la démocratie, l’ouverture, l’inclusion, la collaboration et le consensus », écrit le groupe. Il a également noté « l’intérêt considérable » exprimé par les pays du Sud global pour coopérer, voire rejoindre le bloc, et a approuvé la création d’une nouvelle catégorie de Pays Partenaires des BRICS.
« Nous croyons fermement que l’extension du partenariat des BRICS avec les pays émergents et en développement contribuera à renforcer l’esprit de solidarité et de véritable coopération internationale au bénéfice de tous », affirme le communiqué. Actuellement, les membres des BRICS incluent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, l’Égypte, l’Iran et les Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite n’a pas encore ratifié son invitation. Près de trois douzaines de pays manifestant leur intérêt pour rejoindre ce bloc économique, Moscou envisage la création d’une catégorie de partenaires des BRICS comme la meilleure option pour l’expansion.
3. Opposition aux mesures coercitives occidentales :
La déclaration condamne toutes les sanctions et mesures coercitives unilatérales comme incompatibles avec le droit international, soulignant leurs graves répercussions sur les droits de l’homme. « Nous sommes profondément préoccupés par les effets perturbateurs des mesures coercitives unilatérales illégales, y compris les sanctions, sur l’économie mondiale, le commerce international et la réalisation des objectifs de développement durable », déclare le document, notant que ces sanctions économiques affectent de manière disproportionnée les populations pauvres et vulnérables des pays ciblés.
Le groupe a également dénoncé « les mesures unilatérales prises sous prétexte de préoccupations climatiques et environnementales » et s’est opposé aux « mesures protectionnistes unilatérales qui perturbent délibérément les chaînes d’approvisionnement mondiales et faussent la concurrence ».
« Reconnaissant le rôle des membres des BRICS en tant que plus grands producteurs mondiaux de ressources naturelles, nous soulignons l’importance de renforcer la coopération entre les membres des BRICS tout au long de la chaîne de valeur et convenons de prendre des mesures conjointes pour s’opposer aux mesures protectionnistes unilatérales », a déclaré le groupe.
4. Commerce non discriminatoire en devises locales :
Le groupe a souligné les avantages d’instruments de paiement transfrontaliers plus rapides, moins coûteux, plus efficaces, transparents, sûrs et inclusifs, reposant sur la réduction des barrières commerciales et garantissant un accès non discriminatoire. Le document fait probablement référence à l’exclusion de la Russie du système de paiement occidental SWIFT après le conflit en Ukraine.
« Nous saluons l’utilisation des devises locales dans les transactions financières entre les pays BRICS et leurs partenaires commerciaux », poursuit le document, appelant à la création d’une Initiative BRICS pour les paiements transfrontaliers. La déclaration soutient également les projets de financement en devises locales de la Nouvelle banque de développement des BRICS, qui aspire à devenir une institution multilatérale de développement de premier plan.
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