Le non-scrutin du 20 décembre a coûté pus d’un milliard de dollars dans une opacité totale. Alors que les Congolais et la communauté internationale continuent de découvrir jour après jour le chaos sciemment organisé par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) Denis Kadima pour interdire tout contrôle sur les chiffres du scrutin présidentiel et les élections législatives à divers niveaux, des experts congolais ont réalisé une étude sur le fonctionnement budgétaire de cette commission. Le constat est pathétique et relève une fois de plus soit de l’amateurisme candide, soit d’une volonté évidente de contourner la norme, les textes et les contrôles pour faire sortir un maximum d’argent des caisses de l’État avec un minimum de traçabilité. RDC : Pression maximale des Tshisekedistes pour décrocher la présidence de la Ceni Cette analyse des dépenses a été réalisée par le Centre de Recherche en finances publiques et développement Local (CREFDL), soutenu par l’ONG allemande Democracy Reporting International. Cette démarche qui se veut d’abord citoyenne s’est basée sur plus 1 500 documents collectés. Le constat est sans appel, la Ceni de Denis Kadima, pour réaliser ce qui s’apparente à une forfaiture électorale, a dépensé 25,1 % de plus que sous le cycle électoral précédent. Elle a reçu 1 091 millions de dollars du gouvernement congolais sur les 1 100 millions demandés et un des budgets votés à hauteur de 711 millions, soit un dépassement de 53,31 %. Les auteurs du rapport pointent également le fait que la Ceni, de son côté, a déclaré n’avoir reçu… que 930 millions de dollars. Où sont donc passés les 161 millions entre ce qui a été versé par le gouvernement et ce que déclare avoir reçu la Ceni ? Mystère ! Explosion des effectifs Les experts de la CREFDL pointent aussi l’augmentation des effectifs du personnel permanent de la Ceni. Ceux-ci sont passés de 1 369 employés en 2200 sous la présidence de Corneille Nangaa à 3 240 en 2022, après l’installation de l’actuel Bureau, soit une augmentation de 1 871 agents. En outre, remarque le rapport, “les effectifs non reconnus par le trésor public et sur les listes de paie sont évalués à 117 agents… rémunérés par la Ceni. Un constat qui fait dire à un expert électoral roué à ces exercices en Afrique que “l’argent dépensé par la Ceni n’a de toute façon pas été perdu pour tout le monde.” RDCongo: l’Observatoire de la dépense publique étrille le président Félix Tshisekedi Les experts ont aussi relevé que de nombreux flux financiers ont été réalisés en passant par des banques commerciales et non par la Banque Centrale du Congo, ce qui permet d’échapper à tout contrôle interne. Cette pratique, note le rapport, “est susceptible de favoriser le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, surchauffer le marché de change et entraîner l’inflation”. Dépenses sans contrôle Le rapport s’est aussi penché sur la manière dont les responsables de la Ceni ont dépensé les fonds qui leur étaient alloués. Le constat est toujours identique, l’absence de contrôle, le flou ou même l’opacité ont régné en maître ici aussi. “Une fois de plus, cette opacité est la porte ouverte à tous les excès, toutes les sorties incontrôlées de fonds”, poursuit notre expert. Les observateurs de la CREFDL ne disent rien d’autre en signalant que pas moins de 80 % des dépenses avec des fournisseurs locaux ont été engagées sans autorisation. Les appels d’offres pour les dépenses pourtant publiques de la Ceni semblent relever de la plus grande exception. Autre dépense suspecte : les entrepôts loués par la Ceni pour le stockage du matériel appartiennent à 83,71 % à des privés. “De quoi susciter l’inquiétude des acteurs engagés au processus électoral”, souligne prudemment le rapport qui met aussi en avant les innombrables “saucissonnages” des marchés pour échapper à la procédure d’appel d’offres. Des centaines de millions de dollars Au fil des pages, les experts congolais démontrent que ce sont des centaines de millions de dollars qui ont été dépensés ou prétendument dépensés sur des bases pour le moins suspectes. On découvre ainsi que la Ceni a commandé 33 000 machines à voter neuves, pour un coût de 109 869 726 de dollars. Objectif : compléter le stock de 80 000 machines récupérées du cycle électoral précédent. “Après constatations des affectations, ce montant payé à Miru Systems (la société coréenne qui commercialise ces machines) pour les 33 000 machines dégage un dépassement de 62 778 726 de dollars”, constate le rapport. Le constat de ce rapport est évident. Le cycle électoral a été l’occasion pour certains de se remplir les poches à coups de surfacturation, d’achat non effectués, de commissions, de rétrocommissions, etc. Une gabegie totale. Une charge de plus contre le président de la Ceni Denis Kadima qui apparaît de plus en plus comme le grand ordonnateur de fric-frac exceptionnel qui ne pouvait toutefois se réaliser sans l’accord de sommet de la hiérarchie. Que pensez-vous de cet article?
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Noé Juwe Ishaka ; Ph.D Candidate ;
Adler University, Chicago Campus, IL
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