Entre le chant de son canari, les promenades avec son grand-père et les confitures de sa grand-mère Téta Mouné, la vie de Dounia est douce et pleine d’insouciance. La petite fille, âgée de 6 ans, a perdu sa maman, Leyla, peu après sa naissance, mais grâce à l’amour de ses grands-parents et aux belles histoires de Nour, son papa, elle ne souffre pas trop de ce manque.
Un jour, pourtant, son père est arrêté et avec le déclenchement de la guerre, dans son pays, la Syrie, son existence bascule dans l’incertitude et la précarité. Fini les balades au marché, les jeux et les discussions près de la fontaine, il faut fuir Alep et se diriger vers la Turquie puis l’Europe.
Le trio est accompagné par le marchand d’épices, sa femme et son fils et par la voisine, grande amie de la grand-mère de Dounia. Le voyage depuis la Syrie est long et pénible mais également mâtiné d’entraide et de chants. Grâce aux graines de baraké qu’elle a emportées avec elle et à la protection de la princesse d’Alep – avec qui elle partage une longue chevelure noire comme la nuit –, Dounia aide ses compagnons au fil du voyage.
Dounia, une petite voix bien décidée à retrouver la joie
De voyage, il est souvent question parmi les 60 films proposés dans le cadre du festival Cinemamed qui s’est ouvert ce vendredi au Cinéma Palace à Bruxelles et qui se poursuit jusqu’au 10 décembre en différents lieux de la ville, mais aussi sur la plateforme Sooner. L’occasion de brasser de nombreuses cultures et de multiples langues.
Dans son film, Marya Zarif mêle le français et l’arabe comme elle l’a toujours fait durant sa propre enfance en Syrie. Ce va-et-vient entre deux langues, auquel s’ajoutent des expressions savoureuses, typiques d’Alep, symbolise l’attachement à la culture de la fillette et sa famille.
Porté par la voix de Dounia, le film mêle le conte et le récit de voyage et l’on reste impressionné par la vitalité et la joie de vivre de la petite fille. Malgré les coups durs et les difficultés, elle ne se laisse jamais abattre. Cet appétit de vie, elle l’a sans doute hérité de son grand-père, qui va toujours de l’avant quoi qu’il arrive, en faisant confiance au lendemain et aux personnes qu’il pourra croiser. À eux deux, ils symbolisent la force d’avancer coûte que coûte et de tout recommencer là où le destin les mène. “C’est l’appétit de vie qui rend les gens créatifs, c’est ce que j’ai voulu montrer dans ce film”, confie la réalisatrice Marya Zarif.
Récits de migration et secrets de famille
Ce récit d’une migration forcée et périlleuse est porté par des dessins magnifiques et foisonnants aux traits chaleureux, alternant avec un noir et blanc élégant. S’il rappelle le drame vécu par les enfants et les adultes fuyant la Syrie, il nous parle de toutes les zones de guerre dans le monde où l’enfance est saccagée mais où des petits d’hommes restent positifs et volontaires, cherchant à réaliser leurs rêves malgré tout. Cet “espoir fou” rend ce récit encore plus touchant, lui qui reste universel et très juste.
Proposé samedi 10 décembre à 14 h, soit à quelques heures de la clôture du festival, ce film fait partie de l’une des trois séances famille proposées dès ce dimanche 4 décembre dans le cadre du festival Cinemamed avec la comédie La Petite Bande de Pierre Salvadori et le film en partie autobiographique Les Secrets de mon père tiré de la bande dessinée de Michel Kichka (cf. dessin ci-dessus). Une offre à laquelle s’ajoutent de nombreuses séances scolaires et associatives.
Karin Tshidimba
Renseignements : www.cinemamed.be
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