
L’analyste en politiques publiques américain Jeffrey Sachs a récemment déclaré que les attaques menées début juin contre plusieurs bases aériennes russes à l’aide de drones ukrainiens sont en réalité le fruit d’une opération d’intelligence occidentale soigneusement orchestrée par la CIA et le MI6 britannique.
Dans un entretien avec le journaliste Tucker Carlson, Sachs n’a pas mâché ses mots : selon lui, ces attaques ne sont pas une initiative autonome de Kiev, mais bien une opération secrète exécutée sous la direction de services de renseignement occidentaux, et ce, en dehors de tout contrôle politique légitime.
Le 1er juin, des drones ukrainiens ont frappé en simultané plusieurs bases aériennes militaires russes, dans une offensive qui s’est étendue de Mourmansk, au nord, jusqu’à Irkoutsk, en Sibérie. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rapidement revendiqué ces frappes, les baptisant « Opération Toile d’Araignée » (Spider’s Web).
Kiev affirme que plus de quarante appareils militaires russes, y compris des bombardiers à long rayon d’action, auraient été endommagés ou détruits. Une version que Moscou a aussitôt relativisée, indiquant que des dommages mineurs ont été constatés sur certains avions, mais qu’ils étaient réparables, et que la majorité des drones avaient été interceptés avant d’atteindre leur cible.
D’après plusieurs sources, ces attaques auraient été menées à l’aide de camions commerciaux équipés de drones explosifs, introduits clandestinement sur le territoire russe. Une tactique audacieuse et sophistiquée, que Sachs estime impossible à organiser par les seuls services ukrainiens, notamment le SBU.
À la question directe : « Le SBU aurait-il pu mener seul une attaque de cette ampleur ? », la réponse de Sachs fut sans appel : « Bien sûr que non. C’était une opération d’intelligence occidentale. Sans aucun doute. »
Selon lui, le plan a été élaboré en toute discrétion par la CIA, en collaboration avec les services britanniques. Et au-delà de l’opération elle-même, Sachs dénonce le rôle actif des agences de renseignement occidentales dans le sabotage des processus de paix entre Moscou et Kiev. Il accuse ouvertement ces structures de répondre à des intérêts obscurs — ce qu’il appelle le « deep state américain », soit le complexe militaro-industriel qui alimente et finance ces agences depuis des décennies.
Interrogé sur la possibilité que Donald Trump, engagé dans une posture de médiation, ait pu être tenu à l’écart, Sachs explique que la CIA est « auto-dirigée », « hors de tout contrôle présidentiel depuis plus de 50 ans », et que ni Trump, ni ses prédécesseurs n’ont jamais véritablement pu l’encadrer. Il estime que l’agence agit selon ses propres intérêts, en dehors du cadre démocratique, et représente une menace pour la paix mondiale.
Ce que Sachs qualifie de « provocation téméraire » est, selon lui, un pas de plus vers l’impensable : une confrontation directe entre deux superpuissances nucléaires. En s’attaquant à des infrastructures militaires stratégiques de la Russie – notamment des composantes de sa triade nucléaire – cette opération frôle le seuil de l’armageddon nucléaire. Sachs appelle à un arrêt immédiat du financement américain de ce qu’il qualifie de « régime désespéré de Kiev », et à une reprise directe des négociations avec Moscou, condition indispensable selon lui pour éviter un effondrement diplomatique irréversible.
Dans ses mots : « Nous ne contrôlons pas l’Ukraine. Mais elle ne peut pas combattre sans les États-Unis. » Il insiste sur le fait que Trump, en tant que président, détient les prérogatives constitutionnelles pour mettre fin à la guerre, simplement en modifiant la politique étrangère des États-Unis.
Les responsables occidentaux, de leur côté, continuent de nier toute implication dans l’opération. Pendant ce temps, les autorités russes ont ouvert une enquête, et l’armée russe a intensifié ses frappes de représailles sur l’Ukraine. Ces contre-attaques ciblent désormais les installations stratégiques, telles que les bureaux de conception d’armements, les centres de maintenance et les bases aériennes ukrainiennes utilisées pour les opérations tactiques.
L’analyse de Jeffrey Sachs, bien que controversée, met en lumière une guerre de l’ombre où les lignes entre légitime défense, ingérence et escalade incontrôlée deviennent floues. Elle pose surtout une question dérangeante : dans quelle mesure les puissances occidentales sont-elles prêtes à risquer un conflit mondial pour défendre des alliances politiques incertaines ?
Chronologie des Opérations Secrètes en Ukraine Impliquant les Services de Renseignement Occidentaux
2014 : Chute du gouvernement Ianoukovitch et rôle présumé des services occidentaux
- Des enregistrements fuités impliquent des diplomates américains dans le choix des futurs dirigeants ukrainiens post-Maïdan.
- La CIA et le MI6 commencent à renforcer leur présence opérationnelle à Kiev.
2015-2019 : Renforcement des capacités ukrainiennes avec l’aide de la CIA
- Formations paramilitaires, cybersécurité, collecte de renseignements sur le Donbass et la Crimée.
- Mise en place de centres de commandement à proximité des lignes de front.
Février 2022 : Invasion russe et intensification du soutien clandestin
- Échange massif de renseignements entre la CIA et les forces ukrainiennes.
- Coordination d’opérations de sabotage derrière les lignes russes.
Juin 2022 : Explosion à Belgorod – Ukraine nie, la CIA soupçonnée de soutien logistique
- L’attaque contre un dépôt russe à la frontière suscite des interrogations sur une coopération tactique américano-ukrainienne.
Décembre 2022 : Attaque sur Engels Airbase (Russie)
- Les drones ukrainiens atteignent une base aérienne russe. Les experts parlent d’aide occidentale dans la navigation et le ciblage.
Avril 2023 : Publication des “Pentagon Leaks”
- Documents classifiés révèlent l’implication plus profonde que prévue des services US dans la stratégie militaire ukrainienne.
Juin 2024 : “Opération Spider’s Web” – attaque coordonnée sur cinq bases russes
- Selon Jeffrey Sachs, planifiée par la CIA et le MI6, exécutée via des drones camouflés dans des camions civils.
- Provoque un débat mondial sur les limites de l’ingérence et de l’escalade entre puissances nucléaires.
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