Les musulmans de Negash prient devant les tombes de leurs dignitaires conservées depuis des siècles. Au-dessus d’eux, la lumière passe à travers le dôme, à cause du trou béant laissé par un obus. Près de trois ans après le bombardement qui a eu lieu durant ce conflit qui a opposé les Tigréens au pouvoir central éthiopien, allié de l’Érythrée voisine et d’autres régions comme la région Amhara, la mosquée porte toujours les stigmates de l’attaque des Erythréens.
« Ils ont bombardé une église, puis notre minaret et notre dôme. Ensuite, ils ont pillé la cuisine. La pluie passe à travers les trous d’obus et de balles. Elle risquait de tout détruire alors nous avons mis à l’abri nos corans et objets précieux. Nous ne pouvons plus organiser de célébrations car la cuisine est toujours hors service. Cette mosquée représente un patrimoine inestimable. La voir dans cet état me rend profondément triste », déplore Hadis Seraj Mahamat Souleyman.
Le site avait été rénové en 2018 grâce à des fonds turcs. La mosquée a repris contact avec divers mécènes mais pour l’instant, le projet de rénovation est au point mort. « Rien ne s’est passé depuis l’attaque. Les Turcs et le gouvernement ont dit qu’ils aideraient, mais il n’y a eu aucune réparation. Il y a des violences dans d’autres régions entre ici et la capitale.
Donc convoyer le matériel est compliqué. Ils veulent attendre que le trajet soit sûr. Nous, nous demandons une sécurisation des voies pour que les marchandises arrivent ici et qu’on rénove notre mosquée », explique Hadis Seraj Mahamat Souleyman. Hadis Seraj Mahamat Souleyman (à droite, portant une écharpe rouge et blanche autour du cou) à l’intérieur de la mosquée de Negash, le 30 juin 2024.
Malgré l’état du bâtiment, les musulmans de Negash se sont fait un devoir de continuer à fréquenter les lieux. « Rien ne nous empêchera de venir prier ici », disent-ils après cette guerre qui, de 2020 à 2022, pourrait avoir fait jusqu’à 600 000 morts, selon l’Union africaine.
Soyez le premier à commenter