Des milliers de maisons détruites, et des populations en errance. Après soixante ans d’existence, le quartier de Boribana a entièrement disparu. En fin de journée, vendredi, les bulldozers – protégés par les véhicules de police – ont détruit les derniers bâtiments encore debout.
Désormais, un vaste amas de gravas s’étend sur une bande longue de plusieurs centaines de mètres en bordure de lagune. Cet homme observe le tractopelle qui détruit sous ses yeux, la maison dans laquelle il vivait depuis vingt ans. « C’est un choc ! On en sait pas où aller… » Pablo Gavi, est « plaquiste », il travaille dans la réparation de téléphone.
Il est assis sur un gros ballot blanc dans lequel il a réussit à regrouper quelques affaires malgré les tirs de gaz lacrymogène de la police, visant à éloigner les habitants de leur maison. « Il y a eu beaucoup de blessés, il y a même une personne gravement blessés qui a dû aller à l’hôpital… » La nuit dernière, Diara Aboubacar a eu la chance de pouvoir dormir chez un ami, qui réside non loin.
Sous l’œil accusateur de supplétifs armés de gourdins, aussi appelés les « loubards”, il témoigne : « On a juste demandé de ne pas gazer à cause des enfants et pour sauver un minimum de nos biens, mais malheureusement, on n’a pas été écoutés, on a tout perdu ! » Cette mère de famille, elle, a passé la nuit sur le boulevard de la Paix avec sa fille, sa sœur et ses neveux et nièces : « On a des enfants et on ne sait pas où aller… Ce n’est pas bon pour le pays… »
Selon le comité de pilotage des partenariats public-privé, l’ancien quartier de Boribana, construit il y a plus de cinquante ans, devrait laisser place à des hôtels de luxe, un port de plaisance, un parc aquatique et des zones résidentielles et commerciales. Début janvier, les habitants du village de Boribana, dans le district autonome d’Abidjan, en Côte d’Ivoire (qui compte près de 28 000 habitants) avaient été avertis de leur prochaine expulsion.
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