CE QUE CHAQUE CITOYEN OCCIDENTAL DEVRAIT SAVOIR SUR LE MOYEN-ORIENT

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Hypocrisie occidentale, colonialisme refoulé et mirage de la paix : analyse géopolitique sans concessions sur l’Iran, Israël et la Palestine

« Dans les affaires du monde, ce que nous appelons “paix” est souvent la simple absence de bruit au sujet de l’injustice. »

Alors que les projecteurs de l’actualité braquent une fois de plus leur lumière sur le Moyen-Orient, les récits dominants que véhiculent les grands médias occidentaux déforment, omettent et travestissent. Une guerre devient une « opération », une occupation devient une « mesure de sécurité », une résistance devient du « terrorisme ». Pourtant, derrière ces formules policées, se cache une réalité brutale que tout citoyen occidental devrait connaître. Car sans vérité, pas de paix durable.

Le 7 octobre n’est pas un point de départ. Ce jour n’a pas surgi du néant, mais de 56 années d’occupation israélienne en Cisjordanie et à Gaza, de milliers de maisons détruites, de millions de réfugiés oubliés. Le Hamas, avec toutes les critiques que l’on peut légitimement lui adresser, n’est pas né d’un vide, mais de la souffrance d’un peuple enfermé, humilié, dépossédé.

Condamner uniquement les violences palestiniennes sans parler de l’occupation israélienne, c’est comme reprocher à un homme en feu de crier. Le contexte ne justifie pas tout, mais il explique beaucoup.

En 1953, les États-Unis et le Royaume-Uni ont orchestré un coup d’État contre Mohammad Mossadegh, Premier ministre démocratiquement élu d’Iran, coupable d’avoir nationalisé le pétrole de son pays. Le Shah fut remis sur le trône, avec à la clé des décennies de torture, de répression, et une révolution islamique inévitable.

Aujourd’hui, ces mêmes puissances qui ont étranglé la démocratie iranienne s’érigent en donneurs de leçons, dénonçant les mollahs mais oubliant qu’ils ont eux-mêmes pavé la voie au régime actuel.

Israël, puissance nucléaire non déclarée, n’a jamais ouvert ses installations à une inspection internationale. Pourtant, ce sont les centrifugeuses iraniennes — civiles et surveillées par l’AIEA — qui alimentent les discours apocalyptiques.

Pendant ce temps, l’annexion rampante de la Cisjordanie, la colonisation illégale, et les bombardements cycliques de Gaza se poursuivent sans sanction sérieuse. Le Premier ministre Netanyahu agite la menace iranienne comme un paravent pour masquer son véritable projet : l’instauration d’un système d’apartheid assumé entre le Jourdain et la Méditerranée.

L’Occident a inventé un langage inversé qui transforme l’oppression en paix, et la révolte en barbarie :

  • Occupation = « sécurité »
  • Mur d’apartheid = « barrière de protection »
  • Réfugiés palestiniens = « menaces démographiques »
  • Colonies illégales = « implantation juive »

Cette sémantique n’est pas neutre. Elle fabrique la réalité que les citoyens consomment chaque jour sur leurs écrans. Elle permet de compatir à la peur israélienne tout en ignorant la douleur palestinienne.

L’OCCIDENT, ENTRE PYROMANE ET POMPIER

Le Moyen-Orient n’est pas instable par nature. Il l’est devenu par les décisions de puissances étrangères :

  • Sykes-Picot (1916) : découpage arbitraire des frontières.
  • Coup d’État en Iran (1953) : fin de la démocratie.
  • Invasion de l’Irak (2003) : chaos régional durable.
  • Soutien militaire à Israël sans condition : déséquilibre structurel.

Et aujourd’hui encore, les États-Unis et le Royaume-Uni se posent en juges et gendarmes, alors même qu’ils sont à l’origine de nombreuses blessures de la région.

On entend souvent dire : « Il faut condamner les deux camps ». Mais cette posture morale, aussi séduisante soit-elle, occulte les rapports de force.

  • Un Palestinien traverse des check-points chaque jour pour aller travailler.
  • Une colonie israélienne dispose d’eau courante, de routes sécurisées, et de soutien militaire.
  • Quand Israël est attaqué, le monde s’indigne. Quand Gaza est bombardée, on parle de « riposte ».

Comparer une roquette artisanale à une frappe de F-16, c’est comparer une fronde à un char. Ce n’est pas une guerre égale — c’est une domination permanente.

La question palestinienne n’est pas seulement une affaire régionale. Elle est le miroir de notre époque :
– Qui a le droit à la souveraineté ?
– Qui peut se défendre sans être qualifié de terroriste ?
– Qui écrit l’histoire et pour qui ?

Les Africains, marqués par la colonisation, reconnaissent les récits d’oppression, d’occupation, et de silence imposé. Ce qui se joue à Jérusalem et à Gaza est un chapitre de la même histoire globale : celle de peuples niés, résistants, et diabolisés.

Pour terminer, ce que chaque citoyen occidental devrait savoir sur le Moyen-Orient, ce ne sont pas seulement des faits historiques ou des bilans diplomatiques. C’est une vérité humaine, souvent ignorée : celle des peuples brisés par des décisions prises loin d’eux, dans des capitales occidentales, au nom de la géopolitique, de la sécurité, ou du progrès.

Ce n’est pas un appel à la haine, mais un appel à la lucidité. Loin des narratifs binaires du « Bien contre le Mal », il faut avoir le courage moral de reconnaître que le déséquilibre des puissances produit de la souffrance, et que cette souffrance, lorsqu’elle est niée, engendre des cris, des larmes, et parfois des violences.

L’histoire ne pardonne pas l’aveuglement volontaire. Elle le punit. Ce que nous refusons de voir aujourd’hui reviendra, demain, sous d’autres formes, dans d’autres régions, contre d’autres peuples. Il est temps de rompre avec les mythes sécuritaires et de réhumaniser notre regard.

La justice n’est pas un luxe. C’est une condition pour la paix. Et tant que Gaza suffoque, c’est toute l’humanité qui retient son souffle.

@jeanot

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