Le MK soupçonne des irrégularités.
25 petits partis l’ont rejoint dans ses réclamations. Le porte-parole du MK accuse la Commission électorale et l’ANC de détourner les ressources de l’État pour se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple et réclame un recomptage. Aucune preuve n’a été fournie durant la conférence de presse à laquelle assistait le président Jacob Zuma.
L’ancien président de 82 ans est le visage et le chef du parti MK. Jacob Zuma s’est rendu au centre des résultats électoraux samedi 1er juin où il s’est exprimé pour la première fois depuis les élections. L’arrivée de Jacob Zuma y fut un drôle d’événement avec d’abord des bousculades et de l’excitation. Puis un coup de froid avec des accusations très graves portées contre la Commission électorale, rapporte notre correspondant à Johannesburg, Romain Chanson. Le tableau des résultats électoraux s’est éteint pendant près de deux heures vendredi. Et pour Jacob Zuma, ce n’est pas un bug informatique. « Certains disent que les machines ont planté. Il n’y a pas de machines qui plantent. Les machines ont été manipulées. On le sait et on va le prouver. »
Demande de commission d’enquête indépendante Pourtant, malgré les contestations de Jacob Zuma, le MK a totalement rebattu les cartes du jeu politique, le parti est devenu désormais le troisième parti du pays, récoltant près de 15% des voix. Il pourrait, de plus, s’il trouve un partenaire pour faire coalition, gouverner la province du KwaZulu-Natal dont Jacob Zuma est natif, rapporte notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès. La Commission électorale dit étudier toutes les objections – plus de 500 cette année – mais insiste pour que la proclamation des résultats ait lieu ce dimanche. Jacob Zuma y voit une provocation. « Personne ne doit proclamer les résultats demain, non ! S’ils le font, ça serait de la provocation. Et pourquoi devraient-ils se dépêcher à compter les voix ? Ne cherchez pas les ennuis, quand il ne doit pas y en avoir. »
Lors d’une conférence de presse, la commission électorale a pris soin de ne pas répondre aux attaques et a encore assuré étudier toutes les plaintes qu’elle recevait. De son côté, Jacob Zuma appelle à la création d’une commission d’enquête indépendante. Le MK, résultat d’une lutte interne à l’ANC ? NewsletterRecevez toute l’actualité internationale directement dans votre boite mail Je m’abonne Le MK se veut plus radical que l’ANC, et tente de jouer sur la nostalgie de la lutte contre l’apartheid, en reprenant le nom de la branche armée créée par Nelson Mandela, «uMkhonto we Sizwe», soit le fer de lance de la nation.
Au programme : confiscation des terres, renforcement du pouvoir des chefs traditionnels et référendum sur la peine de mort. L’engouement pour cette formation populiste repose en fait beaucoup sur la communauté zouloue, qui englobe près d’un sud-africain sur cinq. « Il y a un aspect identitaire, les structures de l’ANC ne sont pas représentatives de la population zouloue. N’oublions pas que Jacob Zuma n’a pas été seulement président du pays, mais aussi un président zoulou d’Afrique du Sud, pointe le politologue sud-africain Daniel Silke joint par RFI. Une fois qu’il a été démis de ses fonctions et mis de côté, il n’y avait plus de représentation zouloue parmi les dirigeants de l’ANC. Je pense que ce vote pour le parti de Jacob Zuma est une réaction identitaire. » « L’ANC a perdu beaucoup de soutien, et celui-ci est allé au profit d’un mouvement annexe de l’ANC, ajoute le politologue. Cela pose d’ailleurs de nombreuses questions, et notamment, s’agit-il d’un échec de l’ANC ou est-ce une lutte interne à l’ANC qui a poussé de nombreux électeurs ANC à voter pour le tout nouveau parti de Jacob Zuma ? »
Après une saga judiciaire, Jacob Zuma n’a finalement pas pu se présenter comme candidat à cause de sa condamnation passée, pour outrage à la justice, sans compter qu’il perdrait ses émoluments d’ancien président de 2009 à 2018 en devenant député. Mais son parti pourrait rester une affaire de famille, puisque sa fille, Duduzile devrait rejoindre les bancs de l’Assemblée nationale. Cependant, le MK connait aussi des problèmes d’organisation depuis sa création, avec des cadres de la formation politique régulièrement exclus sur fond de dissensions.
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