Le Forum pour la souveraineté et l’innovation vaccinale s’est ouvert ce jeudi à Paris. Il est coorganisé par la France, l’Union africaine et le Gavi, l’Alliance mondiale du vaccin, en présence d’Emmanuel Macron. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et celui du Rwanda, Paul Kagame, notamment, ont fait le déplacement. Les chefs d’État, les représentants de l’Alliance du vaccin (Gavi), et ceux de l’Union africaine (UA), ont affiché leur volonté de faire front commun pour mieux financer la santé en Afrique.
Le président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye a notamment rappelé comment la pandémie de Covid-19 a mis en évidence des « disparités structurelles entre les pays développés et les pays en développement dans le domaine de la vaccination » :
« Bien que l’Afrique représente environ 20% de la population mondiale, son industrie de vaccins fournit à peine 0,25% de l’offre mondiale. Le continent est encore largement tributaire d’autres régions du monde pour couvrir ses besoins. »
Des projets ont bien été lancés depuis la pandémie mondiale, notamment au Rwanda, où la firme allemande BioNtech s’est implantée à Kigali, où elle devrait produire à terme un vaccin anti-Covid-19 – mais aussi contre le paludisme et la tuberculose. « L’objectif ambitieux que nous devons viser est de créer de nouveaux vaccins et des thérapies pour combattre les maladies qui ravagent le continent africain, en utilisant les dernières technologies », a insisté le président rwandais Paul Kagame.
L’Afrique importe toujours 99% de ses vaccins à des prix prohibitifs Plus d’un milliard de dollars ont déjà été annoncés pour renforcer la production locale africaine et pour mettre sur pied un ambitieux « accélérateur de la production des vaccins en Afrique » pour soutenir les projets africains.
L’Afrique importe toujours 99% de ses vaccins à des prix prohibitifs alors que les pays riches s’approprient la majeure partie de la production mondiale. Ce constat a été particulièrement vrai durant la pandémie de Covid-19, rappelle Jean Kaseya, le directeur général d’Africa CDC : « Nous parlons d’équité. Nous ne parlons pas que d’argent. Nous parlons aussi de personnes, de ces gens qui ont été laissés derrière quand la pandémie a frappé. Et aujourd’hui, avec l’accélérateur de production vaccinal, nous leur donnons l’occasion de rêver, de voir un jour l’Afrique produire ses propres vaccins. »
Le Forum sur l’innovation vaccinal a permis de réunir des fonds pour mettre sur pied cet ambitieux dispositif. L’Alliance vaccinale Gavi, qui fournit des vaccins à bas prix aux pays les plus pauvres, a aussi lancé son plan de refinancement pour les cinq années à venir.
« Nous avons demandé neuf milliards de financements additionnels pour nos opérations. Et nos efforts pour mobiliser des ressources pour l’accélérateur de production vaccinal ont été fructueux avec des promesses de financements qui s’élèvent au minimum à 1,2 milliard de dollars », souligne Sania Nishtar, la directrice de Gavi.
Depuis le début des années 2000, l’alliance vaccinale Gavi a permis la vaccination d’un milliard d’enfants parmi les plus pauvres du monde. L’autonomie de l’Afrique en matière de vaccins est au plancher, selon Moussa Faki Mahamat L’autonomie de l’Afrique en matière de vaccins est au plancher, a reconnu Moussa Faki Mahamat au nom de l’Union africaine.
La souveraineté vaccinale et sanitaire se conquiert, a-t-il ajouté, comme la souveraineté politique. L’accélérateur africain de fabrication des vaccins qui devrait recevoir 1 milliard de dollars via Gavi pour aider à monter plus d’usines de vaccins en Afrique n’est qu’une étape, a-t-il souligné. Les États doivent aussi résoudre beaucoup de problèmes juridiques et techniques.
Ce fonds d’environ 1,1 milliard d’euros, « sera une brique essentielle pour bâtir justement ce véritable marché africain du vaccin », a déclaré le président français Emmanuel Macron à l’ouverture de cet événement à Paris. La Commission européenne assure « les trois quarts de ces financements », a souligné le chef de l’État, hôte de ce sommet auquel participent quatre dirigeants africains – Botswana, Rwanda, Sénégal, Ghana –, une trentaine de ministres, des représentants d’organisations internationales, d’entreprises pharmaceutiques, d’instituts de recherche et de banques.
C’est un pas dans la bonne direction de voir le président Macron et d’autres présidents africains du Rwanda, du Ghana, du Sénégal, parler aussi passionnément de la souveraineté sur les vaccins, des leçons tirées du Covid et du fait que tout le continent doit avoir la capacité de fournir des vaccins à sa population.
Ce que l’on aimerait maintenant, c’est un engagement financier encore plus important et un engagement sur les transferts de technologie. One a établi que les contributions des pays du G7 sont les plus faibles depuis 50 ans. Au-delà des engagements qui sont enthousiasmants, on attend du concret, des transferts financiers dans l’accélérateur africain de fabrication des vaccins, dans les transferts de technologie et les partenariats et sur le terrain.
Un premier pas enthousiasmant selon la PDG de l’ONG internationale One, la Nigériane Ndidi Okonkwo Nwuneli, si les engagements se concrétisent Claire Fages De gauche à droite : le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourné, le président français Emmanuel Macron, José Manuel Barroso, ancien président de la Commission européenne et ancien Premier ministre du Portugal, le président du Rwanda Paul Kagame, le président du Botswana Mokgweetsi Eric Keabetswe Masisi et le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani applaudissant alors qu’ils posent pour une photo lors du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales au ministère français des Affaires étrangères, le Quai d’Orsay, à Paris, France, le 20 juin 2024.
REUTERS – Dylan Martinez Le choléra, un vaccin prioritaire à fabriquer en Afrique L’une des priorités pour le Forum pour la souveraineté et l’innovation vaccinale sera de doter l’Afrique d’usines de fabrication de vaccins contre le choléra. Sur le continent, les cas sont en recrudescence. Les inondations répétées, les sécheresses, les déplacements ont privé les populations d’eau potable en Afrique. Les cas de choléra se sont multipliés au point que l’Alliance Gavi s’est retrouvée à cours de vaccin en début d’année car il n’y a plus qu’un fournisseur, le Sud-coréen EuBiologics.
Pour Jean Kaseya, le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine, c’est évident. L’Afrique doit pouvoir fabriquer ce vaccin sur son sol. « Nous avons déjà 5 000 morts du choléra, nous devons avoir un vaccin », a-t-il déclaré.
Emmanuel Macron a aussi choisi de citer le choléra comme cible prioritaire du nouvel accélérateur africain de fabrication de vaccins. « Le choléra frappe durement la moitié de l’Afrique. Depuis quelques semaines, le territoire de Mayotte est aussi touché. Alors si vous partagez cette ambition de renvoyer le choléra au passé en soutenant ces actions d’urgence d’investissement dans la production locale et dans la prévention de long terme, je vous invite à rejoindre cette initiative contre le choléra aux côtés de douze pays et organisations présents ce matin dans cette pièce », a dit le président français.
Première démonstration concrète de soutien : la France consacrera dix millions d’euros pour accélérer la production par Biovac de ce vaccin contre le choléra, en Afrique du Sud.
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