Visite royale belge en RDC : Un voyage dans la mémoire — La Libre Afrique

Visite royale belge en RDC : Un voyage dans la mémoire — La Libre Afrique

Une journée marquée par la décoration du dernier combattant congolais de la Seconde Guerre mondiale, le retour d’un masque Kakuungu, et des « regrets ».

Journée mémorielle chargée pour cette journée marathon du voyage du couple royal belge en République démocratique du Congo.

Ce mercredi, l’accent était mis sur la mémoire et ce passé parfois compliqué à gérer entre nos deux pays. Une journée en mode « gradation » avec un premier rendez-vous qui ne laissait aucune place à la chamaillerie avec la décoration du caporal Albert Kunyuku, dernier survivant de la « Force publique belge » engagé sur différents fronts de la Seconde Guerre mondiale de l’Algérie à la Birmanie.

Albert Kunyuku, jeune centenaire et frêle silhouette dans son costume militaire a été élevé au rang de commandeur de l’ordre de la couronne par le roi Philippe. Le caporal assis sur une chaise a longuement serré la main du Roi qui se penchait sur lui pour lui parler. « Le roi vient de me faire des promesses. C’est très bien. Il faut les matérialiser« , a ensuite déclaré à la presse le caporal Kunyuku.

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Le retour d’un masque

Cap ensuite sur le Musée National de la République démocratique du Congo, écrin construit il y a quelques années par la coopération sud-coréenne à proximité du Palais du peuple, pour la remise d’un superbe masque géant  « kakuungu« , qui était utilisé pour des rites d’initiation de l’ethnie Suku. « Cet objet est prêté pour une durée illimitée au MNRDC par le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren », a expliqué le Roi avant de visiter le musée en compagnie de son épouse, la reine Mathilde et du couple présidentiel congolais.

Après un tête-à-tête avec le président Tshisekedi au Palais de la nation suivi d’un bref point presse par le président Tshisekedi et le Premier ministre belge Alexander De Croo qui a profité de la tribune qui lui était donnée pour évoquer la reprise et l’intensification de la coopération belge mais aussi et surtout la situation dans l’Est du pays marquée par cette nouvelle flambée de violence dans le Nord-Kivu, aux abords de la ville de Goma. Des violences dues aux attaques du groupe rebelles du M23 derrière lequel beaucoup voient la main du voisin rwandais. « Chaque pays a le droit de faire respecter l’intégrité de son territoire », a-t-il expliqué sous un tonnerre d’applaudissements de l’assistance congolaise. Avant d’ajouter, plus explicite « vous avez le droit d’exiger de votre voisin que votre territoire soit respecté » en illustrant ses propos par la situation dans l’est… de l’Europe et de conclure en expliquant que « La Belgique est prête à s’investir pour trouver des solutions ».

« Regrets profonds »

La « journée de la mémoire » n’était pas encore finie, loin de là. Restait le plat de résistance avec le discours royal sur l’esplanade du Palais du Peuple, le Parlement congolais, en présence d’une partie des députés et sénateurs, du couple présidentiel et de milliers de Kinois mobilisés, banderoles et calicots à la main, par les partis politiques de l’Union Sacrée de la nation, la plateforme majoritaire à l’Assemblée nationale et au Sénat congolais rangée, pour l’instant, comme un seul homme derrière le président Tshisekedi.

Le Roi a pu ainsi reprendre, face à la population de Kinshasa, les yeux dans les yeux, les grands accents qu’il avait placés dans sa lettre adressée au président Tshisekedi et au peuple congolais en juin 2020, à l’occasion des 60 ans de l’indépendance du pays en pleine période de Covid-19 qui l’avait empêché de se rendre en RDC.

Le discours royal a abordé cette envie « d’écrire un nouveau chapitre dans nos relations et de regarder vers l’avenir». Mais évidemment, sans oublier le passé « mais en l’assumant pleinement », dira le Roi, « afin de transmettre à la nouvelle génération une mémoire réfléchie et pacifiée de notre histoire commune » avant de poursuivre : « Le régime colonial comme tel était basé sur l’exploitation et la domination. Ce régime était celui d’une relation inégale, en soi injustifiable, marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme. Il a donné lieu à des exactions et des humiliations. A l’occasion de mon premier voyage au Congo, ici même, face au peuple congolais et à ceux qui aujourd’hui encore en souffrent, je désire réaffirmer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé. »

Des regrets qui seront répétés avant de laisser place à une volonté d’aller de l’avant dans les relations entre les deux pays avec deux chefs d’État « trop jeunes pour avoir vécu le Congo d’avant l’indépendance », comme le dira encore le roi Philippe.

« Pas d’excuses », « Pas de réparations ». Regrettent plusieurs Congolais qui saluent tous la démarche et espèrent qu’il s’agit d’un « mouvement progressif », comme le dira un journaliste congolais. «Il y a un bon bout de chemin qui a été parcouru. Mais pourra-t-on en rester là ? Le retour d’un masque en prêt et des regrets, c’est quand même léger au vu du passé de nos relations », sourit-il.

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