Ce drame de l’émigration clandestine au Sénégal et un bilan qui s’alourdit : au moins 26 personnes sont mortes dans le chavirement d’une pirogue qui prenait la route vers les Îles Canaries.
Ce naufrage a eu lieu dimanche après-midi au large de la ville de Mbour, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar. Cette pirogue transportait plus de 150 passagers. Si 24 ont pu être sauvés, beaucoup sont encore portés disparus.
Et, alors que les recherches des naufragés se poursuivent, l’organisateur du voyage clandestin a lui été arrêté. Cheikh Sall, propriétaire et capitaine de la pirogue, se serait même rendu de lui-même à la police ce 9 septembre, selon le préfet de Mbour, Amadou Diop.
Le pêcheur de 52 ans a été interrogé par la division nationale de lutte contre le trafic des migrants à Saly, un département spécialisé de la police. Selon le quotidien L’Observateur, le propriétaire de la pirogue était lui-même à bord au moment du drame, mais a réussi à nager jusqu’à la plage.
Aux enquêteurs, il aurait affirmé avoir embarqué 88 passagers moyennant des sommes comprises entre 300 000 et 400 000 francs CFA (de 450 à 600 euros, environ). Le capitaine de pirogue originaire d’un quartier populaire de Mbour aurait déjà organisé d’autres voyages de ce type. Aujourd’hui, un grand nombre des disparus viennent de ce même quartier.
« Ce phénomène est en train de nous vider de notre jeunesse » NewsletterRecevez toute l’actualité internationale directement dans votre boite mail Je m’abonne Le maire de la commune de Mbour, Cheikh Issa Sall, a en tout cas lancé un nouvel appel lundi à toutes les communautés pour aider à stopper ce qu’il a qualifié de véritable « hémorragie » dans sa ville, regrettant que, jusqu’à présent, aucune sensibilisation ne fonctionne.
« C’est un phénomène extrêmement grave, complexe, et pour lequel on n’arrive pas pour le moment à trouver la bonne solution, mesure-t-il. Parce qu’on a fait beaucoup de sensibilisation : on a impliqué les imams, les conseils de quartiers, et tout le monde s’y est mis. Mais, malheureusement, jusqu’à présent, c’est comme si ce phénomène-là s’était accéléré ».
L’édile ajoute : « Personne ne peut vous dire de manière péremptoire quelles sont les causes exactes de ce phénomène. Est-ce qu’il s’agit de chômage ? Pour certains, oui. Mais, pour d’autres, il s’agit de capitaines de pirogues, de gens qui ont vraiment un travail respectable, mais qui abandonnent tout pour embarquer dans ces pirogues de fortune pour aller en Europe. »
Cheikh Issa Sall conclut : « Ce qu’il faut réaffirmer, c’est que c’est un phénomène qui est en train de nous vider de notre jeunesse. »
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