Les États membres ont décidé d’ajouter huit noms à la liste des personnes faisant l’objet de mesures restrictives en raison de la situation en République démocratique du Congo, en plus d’une prorogation des mesures restrictives existantes pour une durée d’un an.
L’Anversois Alain Goetz, ex-directeur de la société African Gold Refinery Ltd. (Ouganda), déjà sanctionné par les États-Unis en mars dernier, est toujours bénéficiaire effectif de cette société.
”L’or du conflit constitue la principale source de revenus pour les groupes armés dans l’est de la RDC, où ils contrôlent les mines et exploitent les mineurs”, avait alors déclaré Brian Nelson, le secrétaire adjoint au Trésor américain chargé du terrorisme et du renseignement financier, avant d’ajouter : “Monsieur Goetz et son réseau ont contribué au conflit armé en recevant de l’or de la RDC sans remettre en question son origine”. Le communiqué du Trésor américain expliquait encore “que le réseau de Goetz fournit de l’or du Congo, du Kenya, du Soudan du Sud et de Tanzanie. Il exploite AGR en Ouganda, ainsi que des sociétés aux Émirats Arabes Unis qui reçoivent de l’or illégal provenant de mines situées dans des régions de la RDC contrôlées par des groupes armés”.
Ce jeudi, l’Union européenne explique que “Depuis 2016, African Gold Refinery Ltd. a reçu, acheté, raffiné et commercialisé de l’or illicite provenant de mines en RDC contrôlées par des groupes armés non gouvernementaux, dont les Maï-Maï Yakutumba et les Raïa Mutomboki, qui sont impliqués dans des activités de déstabilisation dans la province du Sud-Kivu. Alain Goetz tire donc profit du conflit armé, de l’instabilité ou de l’insécurité en RDC en se livrant à l’exploitation et au commerce illicites de ressources naturelles”.
8,5 tonnes par an
Plusieurs organisations non gouvernementales ont dénoncé ces dernières années les activités des raffineries de ce réseau et leur recours à de l’or qui finance les conflits en RDC. En 2018, selon des documents américains, “Alain Goetz a reconnu qu’AGR raffine environ 150 kilogrammes d’or de la RDC chaque semaine, soit environ 8,5 tonnes par an, d’une valeur de 496 millions de dollars, représentant la quasi-totalité des exportations totales d’or de l’Ouganda”.
Comme les autres personnes listées, l’homme est désormais interdit de pénétrer sur le territoire de l’UE et ses avoirs éventuels y sont gelés. En outre, il est interdit aux citoyens et aux entreprises de l’UE de mettre des fonds à la disposition des personnes inscrites sur la liste.
Parmi les autres individus listés figurent cinq membres de différents groupes armés (M23, ADF, Codeco, FDLR et Maï-Maï Yakutumba), ainsi qu’un membre de l’armée congolaise et un homme politique congolais, l’ancien ministre Justin Bitakwira. Ce dernier est cité pour incitation à la violence dans des “discours incendiaires” et pour avoir encouragé la discrimination et l’hostilité à l’égard de la communauté Banyamulenge.
Au total, 17 personnes font désormais l’objet de mesures restrictives de l’UE.
La décision s’inscrit dans le cadre d’un soutien de l’Union européenne aux “efforts déployés par les autorités de la République démocratique du Congo pour instaurer une paix durable et stabiliser la partie est du pays.”
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