Le président de la CENI, Denis Kadima n’en démord pas, organiser les élections présidentielles dans les temps impartis par la constitution c’est possible. Ou plutôt, pour reprendre ses propres termes, « ce n’est pas impossible ».
Pour y arriver, le président de la CENI (choisi par le pouvoir en place) a enfin publié son calendrier électoral.
Un calendrier qui prévoit le début de la phase d’inscription des électeurs pour le 24 décembre prochain. Trois zones ont été délimitées et chacune de ces zones doit être bouclée en trente jours. Une annonce qui, mathématiquement, soulève un énorme sentiment d’incrédulité et remet déjà en cause tout le suivi de ce processus.
Au total, le corps électoral congolais devrait approximativement compter 54 millions d’électeurs.
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En imaginant que chaque zone comporte plus ou moins le même nombre d’électeurs, la CENI doit identifier et inscrire 18 millions d’individus par zone et donc par mois, soit 600 000 personnes par jour.
Une réalité arithmétique intenable dans un pays aux dimensions hors normes qui ne dispose de pratiquement aucune infrastructure. Un point que le patron de la CENI reconnaît lui-même dans la présentation de son calendrier puisqu’il évoque : « l’inexistence de certaines infrastructures de transport de base telles que les infrastructures routières, aériennes, forroviaires et fluviale », avant d’ajouter : « faute de temps, la majorité du matériel électoral va être essentiellement acheminé par voie aérienne avec pour conséquence une augmentation exponentielle des coûts ».
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Rappel, le pays ne dispose pas des moyens de transports aériens nécessaires et quand bien même il louerait ou se verrait mettre à disposition ces avions, il va être très compliqué d’atteindre chacun des 22.500 bureaux d’enrôlement directement par les airs (rappelons que la président Kadima affirme lui-même que le pays ne dispose pas de structures aériennes suffisantes). Il faudra donc toujours recourir à la route ce qui, en saison des pluies, n’est pas – euphémisme – une mince affaire.
Ce scrutin présidentiel, législatif national, provincial et communal (une grande première) annoncé pour le 20 décembre 2024 apparaît comme une utopie ou, comme l’affirment déjà certains obsevrateurs, comme « une insulte au bon sens ».
La communauté internationale pressait la CENI de déposer son calendrier. C’est chose faite. Son contenu, sa crédibilité et sa faisabilité ne faisaient pas partie de la demande… Ce calendrier a le mérite d’exister mais il est intenable et ouvre déjà la porte à une nouvelle farce électorale en République démocratique du Congo.
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