RDC : Nouveau rapport qui accuse le Rwanda mais n’épargne par Kinshasa

RDC : Nouveau rapport qui accuse le Rwanda mais n’épargne par Kinshasa

Le panel des experts des Nations unies a remis un nouveau rapport, rendu public ce 20 juin, sur la situation à l’est de la République démocratique du Congo. Une fois encore, ces experts pointent un doigt accusateur en direction du voisin rwandais pour son soutien actif à la milice du M23.

Revoilà James Kabarebe

Pour les experts, les retraits de certaines zones qu’auraient effectués les rebelles du M23 ne sont que des mouvements de façade sous le regard bienveillant des troupes de l’East african Community (EAC). “Les retraits et désengagements semblent avoir été purement tactiques, visant à gagner du temps face à la pression internationale croissante, tandis que le groupe armé a reçu l’assurance que les zones “désengagées” ne seraient pas remises aux militaires congolais mais à la Force régionale de l’EAC”, écrivent les experts qui apportent de nouveaux témoignages sur la présence de troupes de l’armée rwandaise au côté du M23. Les hommes de l’Onu expliquent encore que le général James Kabarebe, ancien ministre rwandais de la Défense, un temps chef d’État-major de l’armée…. congolaise, serait le coordonnateur des opérations du M23 au Nord-Kivu.

Les experts soulignent aussi les relations entre l’armée congolaise, des milices rebelles et le FDLR, troupe composée d’adversaires du régime au pouvoir au Rwanda.

Dans un jeu de ping-pong habituel, les responsables du M23 rejettent ces accusations. Pour le porte-parole du mouvement, Lawrence Kanyuka, il ne fait aucun doute que ces experts onusiens tentent d’être en phase avec Kinshasa à l’heure où se négocie l’éventuel renouvellement “du mandat de la Monusco”. Il parle “d’allégations non vérifiées” et appelle à un “audit indispensable de ce groupe d’experts”.

Kinshasa, par contre, a accueilli positivement ce rapport et les responsables militaires congolais, comme le lieutenant-général Tshiwewe, chef d’état-major des Forces armées de la RDC a expliqué : “Nous allons utiliser d’autres stratégies. Cela devient lassant. La RDC ne sera pas toujours en position défensive”, laissant entrevoir une confrontation directe entre Kinshasa et Kigali.

Les rebelles islamistes de plus en plus puissants

Le rapport met aussi en lumière le renforcement des capacités des ADF (Allied Democratic Forces), ce groupe djihadiste ougandais qui a signé en fin de semaine dernière, une attaque contre une école à Mpondwe, à 2 kilomètres de la frontière congolaise. Cette attaque a fait des dizaines de morts, dont de nombreux enfants et adolescents surpris dans leur dortoir.

“Les ADF ont poursuivi leur expansion au-delà des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri et ont continué à mener des attaques meurtrières contre les civils”, écrivent les experts, qui poursuivent : “les ADF ont cherché à recruter et à mener des attaques à Kinshasa et dans les provinces de la Tshopo, du Haut-Uélé et du Sud-Kivu”, loin de leur zone d’opérations habituelle.

Le rapport explique aussi les liens opérationnels et financiers entre les différentes mouvances djihadistes dans l’Est africain et notamment le lien entre ces ADF et les milices actives au Mozambique dont certains éléments auraient été entraînés dans des bases aux confins de la RDC et de l’Ouganda.

Le groupe des Nations unies est aussi parvenu à retracer certains mouvements financiers entre ces ADF et des cellules sud-africaines et somaliennes de l’État islamique auquel ils ont fait allégeance en 2017. Des flux financiers ont aussi été découverts partant de la Tanzanie.

Cap à l’ouest ?

En marge de leur rapport, les experts ont annoncé leur intention d’enquêter dans la province du Maï-Ndombe, de l’autre côté du pays, aux portes de Kinshasa, dans l’ancienne province du Bandundu. Cette province est secouée depuis mai 2022 par des violences – qui auraient fait plus de 300 morts – dont l’origine, selon les experts, serait des nouvelles taxes agricoles imposées par les membres de l’ethnie Téké aux Yaka, considérés comme non originaires. Les experts pointent aussi une responsabilité chez des policiers ou des militaires impliqués dans des opérations de recouvrement.

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