Les rebelles du mouvement M23 occupent des axes essentiels sur la grand-route qui dessert la province du Nord-Kivu et menacent désormais la ville de Goma. Les mêmes lieux, les mêmes acteurs et les mêmes conséquences qu’en 2012-2013 pour des dizaines de milliers de civils contraints, une fois de plus, de prendre le chemin de l’exil.
L’est de la République démocratique du Congo vit un calvaire à répétition. Kinshasa a beau jeu de pointer un doigt accusateur en direction du voisin rwandais et, parfois, selon l’état des relations du moment, l’Ouganda ou le Burundi qui ont tous, c’est une évidence, une part de responsabilité dans ce conflit.
Le chaos dans cette région, qui dispose d’immenses réserves en matières premières aussi prisées que l’or ou le coltan, entre autres, profite à ses voisins qui sont devenus, sans disposer dans leur sol de ces richesses, de grands exportateurs de ces minerais et métaux.
Kinshasa peut aussi pointer la responsabilité de la communauté internationale. Depuis plus de 20 ans, les Nations unies ont déployé dans cette zone leur plus grande mission de casques bleus, qui engouffre chaque année plus d’un milliard de dollars, sans résultat.
Mais le pouvoir à Kinshasa doit d’abord accepter de regarder ses propres responsabilités depuis plus d’un quart de siècle.
L’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi n’a rien changé à cette donne. L’armée congolaise est systémiquement incapable de prendre le dessus sur ces rébellions supposément “sponsorisées” par ses voisins. En cause, la corruption des haut gradés déployés dans la zone et devenus, souvent, les premiers maillons d’une mafia régionale, qui voient un éventuel retour de la paix comme un frein au développement de leurs affaires. En cause aussi, le détournement massif des moyens prétendument accordés aux soldats congolais ou encore les accords régionaux signés avec les voisins – à l’exception du Rwanda – de l’est pour externaliser la sécurité dans cette région.
Félix Tshisekedi, candidat à un nouveau mandat, avait annoncé le 7 octobre 2019, lors d’un déplacement à Bukavu : “Notre combat sera celui de vous apporter une paix définitive […]. Et cette paix croyez-moi, je suis prêt à mourir pour qu’elle soit une réalité”… Trois ans plus tard, à l’est, rien de nouveau. Le chaos, la désolation et la mort sont toujours au pouvoir.
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