« Le M23 a pris connaissance de ce document dans les réseaux sociaux… Il n’y avait personne dans ce sommet donc ça ne nous concerne pas vraiment », a déclaré jeudi soir à l’AFP Lawrence Kanyuka, porte-parole politique du M23.
« Normalement, quand il y a un cessez-le-feu, c’est entre les deux parties en guerre », a-t-il ajouté.
Le sommet de Luanda a décidé une cessation des hostilités dès vendredi soir, suivie du retrait des rebelles du M23 « des zones occupées » et de leur « repli dans leurs positions initiales ». Si les rebelles refusent, la force régionale est-africaine en cours de déploiement à Goma « fera usage de la force pour les pousser à se soumettre ».
Lawrence Kanyuka a affirmé que les rebelles avaient eux-mêmes décrété un « cessez-le-feu unilatéral » en avril et estimaient que celui-ci était toujours en vigueur. « Si demain à 18H00, ou le matin, le gouvernement ne nous attaque pas, nous en serons toujours là », a-t-il assuré. Dans le cas contraire, « nous nous défendrons », a-t-il dit.
« Vendredi, 18H00 »
Dans un point de presse jeudi soir à Kinshasa, consacré au sommet de Luanda, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a simplement rappelé: « demain, 18H00, le M23 doit cesser toutes ses attaques ».
Le porte-parole du M23 a affirmé que le mouvement était « toujours prêt à un dialogue direct avec le gouvernement congolais pour résoudre les causes profondes » du conflit ».
Il n’en est pas question, a répondu Christophe Lutundula, rappelant qu’il était exclu de négocier avec des « terroristes ».
Onesphore Sematumba, analyste du centre de réflexion International Crisis Group, interrogé jeudi à Goma, se félicitait que la réunion de Luanda se soit tenue, « ce qui n’était pas évident » selon lui, au vu « de l’escalade des tensions » en Kinshasa et Kigali.
Mais il percevait d’emblée deux problèmes dans l’accord de Luanda: non seulement le M23 n’était pas là, mais le président rwandais Paul Kagame non plus.
« Cela aurait été mieux », disait-il. Une absence qui « ne présage pas quelque chose de bon », confirmait l’homme politique congolais Patrick Mundeke.
Jean-Claude Bambaze, président de la société civile de Rutshuru, territoire dont le quart sud-est, frontalier du Rwanda et de l’Ouganda, est occupé par le M23, voudrait croire que les rebelles vont se retirer. Mais « nous avons des inquiétudes, parce que cela ne serait pas la première fois que des décisions ne seraient pas mises en pratique ».
« Le sommet de Luanda, c’est un message fort qu’ils ont lancé au M23, on a salué », disait aussi Lumumba Kambere Muyisa, activiste du mouvement LUCHA (Lutte pour le changement). Mais comme tout le monde, il se « pose des questions sur la praticabilité ».
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