RDC: la Cenco réclame des élections libres et fustige un recul démocratique

RDC: la Cenco réclame des élections libres et fustige un recul démocratique

Les évêques catholiques font état d’un « climat politique tendu », alors que la RDC doit organiser des élections générales le 20 décembre prochain, dont une présidentielle à laquelle l’actuel président, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, est candidat.

« Les premiers gestes du président de la République en 2019, après son accession au pouvoir étaient porteurs d’espoir pour un État de droit, notamment l’ouverture de l’espace politique et médiatique, la libération des prisonniers politiques et le retour au pays des exilés », ajoute la Cenco.

« Malheureusement, nous observons aujourd’hui un recul déplorable caractérisé par la répression violente des manifestations de l’opposition, la restriction de la liberté de mouvement des opposants, des tentatives des projets de lois discriminatoires, l’instrumentalisation de la justice et les arrestations arbitraires », déplore le clergé catholique congolais.

Selon lui, « l’intolérance politique s’observe aussi dans la sphère des fanatiques violents qui s’attaquent au grand jour aux adversaires politiques et à ceux qu’ils accusent d’être proches d’eux. En témoignent les actes de violence et d’intimidation contre nous, évêques membres de la Cenco lors de notre visite pastorale à Kasumbalesa (à la frontière entre la RDC et la Zambie, NDLR), le dimanche 18 juin ».

Plusieurs cas d’arrestations des opposants par les services de sécurité ont été enregistrés ces dernières semaines. A ces actes, s’ajoutent des perquisitions des résidences des opposants par des agents de sécurité.

La Cenco s’en prend aussi à l’ »activisme » de la brigade spéciale de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès social, le parti présidentiel) Force du Progrès (BSU) « opérant comme une milice, visiblement entretenue, qui collabore parfois avec la police pour traquer les adversaires politiques et d’autres paisibles citoyens portant un regard critique sur la gouvernance actuelle du pays ».

« Nous condamnons toutes ces pratiques inacceptables et rappelons que nous tenons aux élections inclusives. A ce propos, le peuple n’acceptera pas un empêchement purement politique de qui que ce soit de se présenter comme candidat aux élections. Il faut lui laisser la liberté de faire le choix de ses dirigeants, conformément à la Constitution », affirment encore les évêques.

A propos du processus électoral, la Cenco reconnaît les efforts du gouvernement et de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), tant dans la publication du calendrier électoral que dans la constitution du fichier électoral.

« Toutefois, ces avancées ne suffisent pas pour l’organisation des élections réellement crédibles », souligne l’Eglise en pointant l’inexistence d’un cadre de concertation tripartite (majorité, opposition, société civile), idéal pour clarifier la problématique des Centres d’Inscription (CI) qui n’ont pas été retrouvés sur terrain, la question des matériels électoraux sensibles détenus par des personnes non qualifiées, la situation de l’exhaustivité des données des Centre d’Inscription ayant connu des dysfonctionnements. La Cenco regrette également l’absence d’une contre-expertise crédible par un organisme international spécialisé pour auditer le fichier électoral.

« Le refus par la Céni de répondre favorablement à ces deux pertinentes demandes prouve à suffisance que le processus électoral est mal engagé », affirment les évêques.

« Ayant été abusés aux élections de 2018 (contestées et à l’issue desquelles M. Tshisekedi a été proclamé président, NDLR), nous devons en tirer des enseignements et nous comporter de façon conséquente pour que désormais, les Institutions à mandats électifs de notre pays soient dirigées par des personnes réellement élues », indique encore le communiqué.

La Cenco réaffirme son intention d’accompagner le processus avec une mission d’observation électorale conjointe avec l’Église du Christ au Congo (ECC, protestante). « Bien entendu, cet accompagnement n’aura de sens que si la Céni donnait un minimum de garantie de transparence. Autrement, nous n’allons pas nous aligner », prévient-elle.

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