Cette visite est la première d’un pape en RDC depuis celle de Jean-Paul II en 1985, il y a plus de 37 ans.
« C’est une joie d’avoir l’image du chef de l’Eglise dans la maison », déclare fièrement Élisabeth Akwete, 66 ans, qui vient de se procurer un calendrier à l’effigie du pape.
Berthe Baleweya, elle, est venue pour acheter une pièce de « wax » (tissu) spécialement imprimé pour la visite, que s’arrachent les « mamans catholiques ». « Je dois porter le visage de papa, car ça sera source d’une grande bénédiction », estime-t-elle.
D’autres femmes, comme Emmanuelle Wemu, ont déjà fait coudre leur « pagne du pape ». « On est très content de le recevoir, j’attends de lui un message de paix, en ce moment où la RDC est tourmentée (…), un message d’amour, de pardon, de réconciliation », dit cette responsable de l’ »Armée des petits anges », un groupe qui encadre les jeunes enfants.
« Nous demandons aux enfants de prier pour le pape, il était malade » et maintenant « il va venir chez nous », se réjouit-elle.
Initialement prévu en juillet, le voyage a été reporté de six mois. Le Vatican avait invoqué les douleurs au genou du pape de 86 ans, mais certains médias avaient aussi souligné les risques pour sa sécurité, en particulier à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, dans l’est du pays, en proie depuis près de 30 ans aux violences de groupes armés.
L’étape dans l’est ne figure plus au programme du pape, qui à la place va rencontrer à Kinshasa des « victimes des conflits » dans cette région.
D’autres vont « tout suivre depuis Goma », comme Josée Muyumbana, qui revient d’une « prière pour l’arrivée du pape » dans une paroisse de la ville. Mais le regret est tout de même grand de ne pas le voir. « Cela désespère la jeunesse d’ici, nous étions bien préparés », déclare Gélo Mandela, coordonnateur des jeunes du diocèse de Goma.
Emmanuelle Wemu espère une « réconciliation avec le Rwanda », accusé par la RDC de soutenir les rebelles du M23, qui se sont emparés de vastes pans d’un territoire au nord de Goma.
Les tentatives diplomatiques pour apaiser les tensions n’ont pas donné de résultats probants et les combats se poursuivent, tandis que d’autres groupes armés continuent à massacrer les civils.
Un attentat attribué à un groupe affilié aux djihadistes de l’État islamique a fait une quinzaine de morts le 15 janvier dans une église protestante évangélique du Nord-Kivu. Les mêmes miliciens sont accusés d’avoir tué au moins 23 villageois lundi, une nouvelle tuerie revendiquée par l’EI.
Ce groupe n’a jusqu’à présent sévi que dans l’est de la RDC, à quelque 1.500 km de la capitale Kinshasa. Mais la sécurité du pape n’en demeure pas moins une préoccupation des organisateurs de sa visite dans cette capitale tentaculaire de quelque 15 millions d’habitants. Certaines grandes artères ont été déblayées et nettoyées pour l’occasion.
Enseignant, Justin-Marie Bayala, catholique pratiquant, a participé à la messe du dimanche où le curé a donné le programme détaillé des derniers préparatifs et du séjour du pape. « Nous osons croire qu’il va nous apporter une paix durable » et « dénouer beaucoup de problèmes (…) sur les plans politique, économique et même spirituel », espère-t-il.
Un triduum de prière est prévu à partir du 26 janvier à la cathédrale, ainsi qu’une veillée dans la nuit du 31 au 1er février à l’aéroport militaire de Ndolo, où le pape va célébrer la messe le matin, explique l’abbé Camille Esika, curé de Notre-Dame du Congo.
Entre 1 et 1,5 million de personnes sont attendues sur ce site de huit hectares, où les ouvriers mettent la dernière main à la « tribune papale ». « Ce jour-là, pluie ou pas pluie, il y aura événement », assure à l’AFP Jésus-Noël Sheke, coordonnateur technique des travaux.
Dans les rues de Kinshasa et devant les établissements catholiques, des banderoles et panneaux géants rivalisent de messages de bienvenue.
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