Dès la fin du week-end et du sommet des chefs d’État de l’East african Community à Bujumbura, au Burundi, les mouvements de colère ont explosé dans plusieurs villes du Nord Kivu.
Goma, la capitale, a concentré l’attention mais d’autres villes, comme Sake, sur le lac Kivu (ville considérée comme le prochain objectif du M23), ont aussi manifesté leur colère vis-à-vis des troupes étrangères jugées incapables de mettre un terme aux actions des groupes rebelles quand elles ne sont pas accusées de collaborer avec ces troupes.
A Sake, un convoi de la Monusco a été caillassé. A Goma, les manifestants ont couvert de pierres les principaux axes routiers de la ville, empêchant ainsi pratiquement toute circulation.
Si la Monusco est dans le viseur des manifestants, les troupes des pays voisins de l’East african Community (EAC) ne sont plus épargnées. Mêmes constats et mêmes griefs. Les troupes kényanes ou ougandaises sont ainsi prises à partie « par une population civile qui voit défiler sous ses yeux de plus en plus de troupes étrangères sans que leur quotidien n’en soit amélioré », explique le papa d’un jeune activiste très actif dans la ville. « Bien sûr, j’ai peur pour lui. Bien sûr, je sais que c’est dangereux, qu’il y a souvent des balles qui se perdent quand la tension monte, mais nos jeunes en ont assez de voir ces militaires étrangers parader en ville ».
Les manifestants à Goma ont expliqué qu’ils ne voulaient plus voir les militaires onusiens ou ceux de l’East african Community dans les rues de la ville. Ils ont pris à témoin le gouverneur militaire de la province, toujours sous état de siège, pour exiger que ces troupes étrangères rejoignent les Forces armées de la RDC sur le front.
Fuite de Goma ?
Selon plusieurs sources, face à ces tensions répétées, la Monusco pourrait être tentée – certains mouvements semblent l’attester – de se replier sur Uvira. Plusieurs dizaines de policiers onusiens y seraient déjà arrivés. « C’est un comble, la Monusco qui est au Congo pour protéger la population se met à fuire les villes et à se réfugier au milieu de nulle part parce qu’elle se fait caillasser par cette même population », explique un observateur installé dans la région. « Du coups, ces troupes sont encore moins efficaces et donc plus facilement prises pour cible par les Congolais eux -mêmes ».
Dans ce contexte de lassitude et d’exaspération des manifestants congolais de Goma ont avancé ce lundi en direction du poste frontière rwandais. Les policiers rwandais ont ouvert le feu pour les empêcher d’avancer.
Dans la ville de Goma des scènes de pillage ont été observées et filmées. Ces images montrent notamment des jeunes manifestants en train de piller la boutique d’un commerçant dont le crime serait son origine tutsie. Les discours racistes et de haine se multiplient dangereusement dans cet Est congolais où l’action de l’État est tout à fait absente.
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