L’événement a rassemblé quelque 400 personnes originaires de RDC, d’autres pays d’Afrique, de Belgique, du Canada, de France, d’Allemagne, de Suède, du Royaume-Uni… se félicite la Pr Adélaïde Blavier qui dirige le Centre d’expertise en psychotraumatismes et psychologie légale de l’ULiège et coordonne la Chaire.
Étaient présents des académiques et des chercheurs de “toutes les universités qui on accordé un doctorat honoris causa à Denis Mukwege”, resitue Adélaïde Blavier, mais aussi beaucoup de chercheurs africains, des membres d’ONG, des proches du Dr Mukwege, comme le Pr Guy-Bernard Cadière (Cliniques Saint-Pierre et Université libre de Bruxelles) ou encore l’ambassadeur d’Allemagne en RDC.
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Le réseau de la Chaire est très actif
Même s’il a fallu attendre longtemps pour que se tienne ce deuxième congrès, la dynamique est resté intacte, après une période difficile.“C’est comme si on s’était quitté la semaine passée. La motivation reste très présentes. J’ai été très heureuse de constater qu’autant de collègue avaient fait le déplacement”, note avec satisfaction la Pr Blavier, quand bien même la situation sécuritaire à l’est du Congo reste extrêmement tendue. Elle-même et le Pr De Keyser ont assuré la direction d’un ouvrage collectif intitulé Faire face à l’inhumain · Autour du Docteur Denis Mukwege (Presses universitaires de Liège). “Il y a eu énormément de publications partout, beaucoup de projets ont été lancés” par les autres membres du réseau, ajoute Adélaïde Blavier. “L’objectif de ce genre de réunion est de rendre accessible une série de savoirs pour ceux qui veulent ouvrir un centre holistique de prise en charge des violences sexuelles et de partager les connaissances scientifiques avec les autres chercheurs, les ONG et autres intervenants”.
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Une journée du congrès a été consacrée à l’inauguration du Centre d’excellence Denis Mukwege de l’UEA. Durant les deux autres ont été organisées des conférences durant lesquelles les participants ont fait le point sur les recherches relatives au modèle holistique de prise en charge des victimes de violence sexuelles.
Le modèle holistique de Panzi s’exporte
Développé à Panzi par le Dr Mukwege depuis une vingtaine d’années, pour aider les survivantes de violences sexuelles de l’est du Congo, où le viol est utilisé comme une arme de guerre, ce modèle s’appuie sur quatre piliers : le pilier médical, pour réparer les corps meurtris; le pilier psychologique pour prendre en charge les traumatismes; le pilier de la réinsertion socio-économique et le pilier juridique qui doit aider les victimes à être reconnues comme telles et à obtenir réparation.
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“Le volet médical va relativement bien avec notamment l’inauguration du tout nouveau bloc opératoire de Panzi. Le volet psychologique avance assez bien et le volet socio-économique relativement bien aussi. C’est beaucoup plus compliqué pour le pilier juridique, parce que c’est une État défaillant. Ils ont cependant mis en place un système d’indemnisation intermédiaire, avec l’aide d’ONG”, détaille la Pr Blavier.
Le modèle holistique s’exporte : en Irak, au Burundi, en République centrafricaine. Panzi a fait une convention avec des universités de la région des Grands Lacs pour former à la prise en charge holistique. Une équipe du Dr Mukwege est actuellement en Ukraine, où elle dispense des formations pour la prise en charge des victimes sexuelles.
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Il commence également à être mis en œuvre dans des pays qui ne sont pas en guerre, comme la Belgique. “Quand je reviens de conférences de ce type-là, je constate que tout ce qui est défaillant chez eux ne fonctionne pas nécessairement de manière optimale chez nous et qu’il y a des idées dont on pourrait s’inspirer”, conclut Adélaïde Blavier.
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