Le débat présidentiel américain résonne à travers le monde, suscitant inquiétudes et spéculations de Moscou à Pékin, en passant par Tel Aviv et Kiev
Les débats présidentiels américains ne se déroulent pas seulement sous les yeux des citoyens américains ; ils captivent également les observateurs du monde entier. Que ce soit à Pékin, Moscou ou Tel Aviv, chaque mot des candidats est disséqué, analysé, et, parfois, interprété avec ironie.
Le premier face-à-face entre Kamala Harris et Donald Trump, organisé à Philadelphie, n’a pas fait exception, notamment avec des échanges tendus sur la politique étrangère.
Quand Poutine entre dans la danse : L’Ukraine au cœur des tensions
Lors du débat, Kamala Harris n’a pas mâché ses mots, affirmant que Vladimir Poutine est “un dictateur qui vous mangerait tout cru”. Cette phrase imagée n’a peut-être pas d’équivalent en russe, mais elle reflète bien l’appétit de la Russie pour un résultat des élections américaines qui lui serait favorable.
En effet, le Kremlin a noté avec satisfaction que Donald Trump a évité de dire s’il souhaitait une victoire de l’Ukraine dans la guerre en cours. Sa réponse a été plutôt vague : “Je veux que la guerre s’arrête”. De son côté, Harris a soutenu la “légitime défense” de l’Ukraine, accusant Poutine de viser le reste de l’Europe.
Cette ambiguïté dans les propos de Trump alimente l’inquiétude en Ukraine. Si l’ancien président a souvent prétendu pouvoir mettre fin au conflit en 24 heures, nombreux sont ceux à Kiev qui craignent que cela se fasse au prix d’un accord défavorable pour l’Ukraine, qui la forcerait à céder des territoires pris par la Russie ces dernières années. Kamala Harris, quant à elle, a rassuré les Ukrainiens en se positionnant fermement dans la lignée de l’actuel soutien américain.
L’ombre du retrait afghan et ses conséquences
Le débat n’a pas échappé à une autre critique de taille : le retrait chaotique des troupes américaines d’Afghanistan en août 2021. Trump s’est vanté d’avoir négocié directement avec “Abdul”, une référence maladroite au dirigeant taliban Abdul Ghani Baradar, qui n’a pourtant jamais dirigé officiellement les Talibans. L’épisode a généré une avalanche de mèmes sur Internet, certains se demandant : “Mais qui est Abdul ?”
Harris, de son côté, a défendu la décision de Joe Biden de retirer les troupes, mais a esquivé les questions concernant sa propre responsabilité dans la gestion de cette opération délicate. Pour les téléspectateurs étrangers, le débat sur l’Afghanistan a renforcé l’idée que, peu importe qui est au pouvoir, la gestion des conflits mondiaux par les États-Unis reste un défi colossal.
La Chine et la compétition pour le 21e siècle
Sur la scène internationale, la politique envers la Chine est l’un des sujets les plus surveillés. Harris a fermement affirmé que les États-Unis gagneraient la compétition avec la Chine pour le leadership mondial, tout en critiquant Trump pour avoir vendu des puces électroniques américaines qui, selon elle, ont aidé Pékin à moderniser son armée.
Trump, quant à lui, a réitéré son intention d’imposer des tarifs douaniers élevés sur les produits chinois, une mesure qui a déjà eu des répercussions économiques des deux côtés du Pacifique.
L’Israël et l’élection américaine : Un air de déjà-vu ?
Au Moyen-Orient, le débat a également retenu l’attention, notamment en Israël, où certains suspectent le Premier ministre Benjamin Netanyahou de retarder les négociations de cessez-le-feu dans le conflit à Gaza, en attendant une possible victoire de Trump.
Une stratégie qui rappelle étrangement les suspicions entourant la campagne de Ronald Reagan en 1980, accusée d’avoir retardé la libération des otages américains en Iran pour obtenir un avantage électoral.
Trump a profité de l’occasion pour critiquer Harris, affirmant qu’elle “déteste Israël”, tandis que la vice-présidente a réaffirmé son soutien à une solution à deux États, incluant la reconnaissance d’un État palestinien.
Entre réalité et spectacle : L’impact mondial des élections américaines
Les élections américaines, surtout dans le contexte des débats, ne sont jamais seulement un enjeu domestique. De Pékin à Moscou, en passant par Kiev et Tel Aviv, ces joutes verbales sont observées avec attention, car elles ont des répercussions directes sur l’ordre mondial.
Pour beaucoup, Donald Trump représente l’imprévisibilité, une qualité redoutée par les gouvernements étrangers. Kamala Harris, bien que perçue comme une figure nouvelle sur la scène internationale, incarne une certaine continuité, mais aussi un soupçon d’incertitude pour les régimes autoritaires qui préfèrent un statu quo diplomatique.
À l’heure où les tensions internationales sont exacerbées, il devient clair que le choix du futur président des États-Unis influencera non seulement le destin de la nation américaine, mais aussi celui du reste du monde.
Sources :
- L’Ukraine et l’impact des élections américaines
- La Chine et la politique américaine
- Conflit israélo-palestinien : position de Kamala Harris
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