Les blocs africains s’affichent à l’investiture de Félix Tshisekedi
Une quinzaine de présidents africains étaient présents à Kinshasa le samedi 20 janvier. Félix Tshisekedi était moins seul qu’il y a cinq ans pour sa seconde prestation de serment. En janvier 2019, à l’occasion de la passation de pouvoir avec Joseph Kabila, suite à un arrangement politique dénoncé par le reste de l’opposition et par l’Église catholique, les chefs d’État étrangers avaient préféré ne pas être associés à la cérémonie, seul le président kényan Uhuru Kenyatta, premier “sponsor” de la plateforme politique formé par Tshisekedi et Kamerhe deux mois plus tôt, avait fait le déplacement à Kinshasa.
Cinq ans plus tard, alors que la “réélection” du chef de l’État est toujours marquée du sceau de l’arrangement politique doublé cette fois d’un bourrage électronique des urnes et que le peuple congolais n’a pas eu voix au chapitre, les chefs d’États africains étaient une quinzaine à être présents à Kinshasa.
Fracture est-ouest
Dans ce contingent, les représentants de la Communauté des États de l’Afrique australe (SADC) étaient les plus nombreux et comptaient dans leur rang les présidents sud-africain, zimbabwéen, zambien, angolais et malawite. Cyril Ramaphosa, le président sud-africain était la tête de gondole de la région. Son pays a été le premier de la SADC à déployer, dès le mois de décembre, un contingent militaire dans l’est de la RDC pour soutenir l’effort des troupes congolaises et de ses alliés (mercenaires occidentaux, milices congolaises, opposants rwandais et troupes burundaises) face aux troupes rebelles qui sévissent dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Pour faire plaisir au Congo, le Burundi se tire une balle dans le pied Arrivés depuis plus d’un mois, les Sud-Africains, dont on ignore le nombre exact et la mission précise, n’ont toujours pas été rejoints par d’autres troupes de la SADC. Au stade des martyrs, haut-lieu des festivités tshisékédiennes, les voisins de l’East African community (EAC) brillaient eux par leur absence.
En mars 2022, la RDC de Félix Tshisekedi avait rejoint cette communauté régionale de l’EAC et comptait sur l’engagement de ses États pour rétablir la paix dans ces provinces soumises à la violence depuis plus de 25 ans. Mais l’expérience s’est soldée par un échec.
Ce samedi, pour l’investiture de Tshisekedi, seuls le Burundais Ndayishimiye (qui a envoyé plusieurs bataillons dans l’est de la RDC suite à un accord bilatéral récent avec Kinshasa) et le Kényan Ruto (qui ne voulait pas laisser son siège à son prédécesseur Kenyatta, qui s’était fait annoncer) étaient présents. Le Rwandais Paul Kagame était évidemment absent vu les fortes tensions entre les deux pays mais les chefs d’État d’Ouganda, du Sud Soudan, de la Tanzanie brillaient aussi par leur absence.
À regarder la carte de la RDC de plus près, la fracture est claire entre l’est et l’Ouest. Une fracture qui s’est aussi marquée lors de la présidentielle. Malgré la mainmise des “amis de Tshisekedi” sur le scrutin, les organisateurs ont été contraints de donner la victoire dans le grand Katanga à Moïse Katumbi qui l’aurait aussi emporté dans la province du Maniema, juste au nord de cet ensemble.
Un bloc géographique dans le sud-est de la RDC au poids économique essentiel pour le pays. Outre le Burundi, sur cette frontière du sud est de la RDC, on retrouve la Zambie qui vie en symbiose avec le Katanga et dont le président a très moyennement apprécié les cris lancés à son arrivée au stade des Martyrs. Les supporters de Tshisekedi ont hurlé au président Hakainde Hichilema de rapatrier Moïse Katumbi chez lui.
Des cris nés de la campagne xénophobe menée lors de la présidentielle par Félix Tshisekedi et ses lieutenants contre Moïse Katumbi accusé de ne pas être congolais. La réconciliation est-ouest au sein des frontières de la RDC doit être une des missions essentielles de Tshisekedi.
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