« Nous avons arrêté 20 collaborateurs présumés des ADF », les Forces démocratiques alliées, a affirmé Fred Enanga, porte-parole de la police ougandaise, lors d’une conférence de presse.
Juste après le massacre, des responsables de l’armée et de la police ougandaises avaient incriminé des membres des ADF, une milice islamiste qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique.
Au moins 42 personnes, dont la plus jeune avait 12 ans et la plus ancienne 95, ont été tuées dans la nuit de vendredi à samedi dans l’ouest de l’Ouganda. Les victimes, majoritairement des étudiants, ont été attaquées à coup de machettes, abattues par balles ou brûlées vives, selon un nouveau bilan donné lundi par la police.
Dans un communiqué, la police a précisé que le chef de l’établissement et le directeur du lycée Lhubiriha à Mpondwe, près de la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), faisaient partie des personnes arrêtées.
Six personnes blessées sont toujours à l’hôpital, a par ailleurs indiqué Fred Enanga, qui a qualifié l’attaque de « barbare », « inhumaine » et de « crime contre l’humanité ». Le porte-parole de la police a également déclaré que le nombre exact de personnes enlevées n’était pas encore connu.
Cette annonce intervient alors que des familles attendent toujours lundi les résultats des tests ADN pour identifier des victimes du massacre. Dix-sept ont en effet été brûlées au-delà de toute reconnaissance possible lorsque les assaillants ont incendié un dortoir, compliquant l’identification et le décompte des personnes disparues.
« Nous ne sommes pas sûrs que nos enfants soient parmi ceux qui ont été enlevés ou brûlés. Nous sommes affligés, peut-être que le gouvernement nous donnera une réponse bientôt et nous prions », a déclaré à l’AFP Joseph Masika, un tuteur d’un des étudiants portés disparus, après d’éprouvantes visites dans des morgues et des hôpitaux de la région.
« C’est une situation douloureuse qu’aucun parent ne voudrait vivre, mais nous gardons espoir qu’ils soient en vie où qu’ils soient », a-t-il ajouté.
Selon des responsables, parmi les 42 morts figurent 37 étudiants et un agent de sécurité.
« Sécurité sous contrôle »
Le président Yoweri Museveni a qualifié dimanche ce massacre d’acte « désespéré, lâche » et promis d’éliminer les responsables de l’assaut sanglant, le pire de ce type perpétré dans le pays depuis des années.
Joe Walusimbi, le commissaire du district de Kesese, où se trouve l’école, avait plus tôt déclaré que la plupart des victimes identifiées avaient été enterrées dimanche, et que les enterrements se poursuivaient lundi.
« Nous avons presque terminé l’inhumation des morts déjà identifiés et nous attendons les tests ADN de ces étudiants qui ont été brûlés au point d’être méconnaissables », a-t-il déclaré à l’AFP, tout en affirmant, contrairement à certaines publications sur les réseaux sociaux, que les écoles de la zone sont toujours ouvertes. « La situation sécuritaire est sous contrôle », a-t-il affirmé.
Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la RDC, où les ADF sont actives et sont accusées d’avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990.
A l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, implantés en RDC depuis les années 1990, ils ont prêté allégeance en 2019 à l’EI, qui revendique certaines de leurs actions et les présente comme sa « province d’Afrique centrale » (Iscap en anglais).
L’attaque vendredi contre le lycée Lhubiriha à Mpondwe est la plus meurtrière en Ouganda depuis le double attentat à Kampala en 2010 qui avait fait 76 morts lors d’un raid revendiqué par le groupe islamiste des shebab, basé en Somalie.
Selon le dernier rapport des experts de l’ONU, consulté par l’AFP et dont la diffusion est prévue cette semaine, les rebelles ADF ont reçu depuis au moins 2019 un soutien financier du groupe Etat islamique et cherchaient à étendre leur zone d’opérations.
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