Plusieurs acteurs sociaux et politiques du Nord-Kivu demandent au gouverneur militaire de suspendre le recouvrement des taxes de circulation routière dans la province. Ils réagissent depuis lundi 10 octobre au début de cette opération de contrôle des documents de bord de circulation routière.
A Goma, par exemple, l’opération de bouclage de recouvrement forcé organisée par la Direction générale des recettes du Nord-Kivu (DGRNK), a suscité une controverse au sein de l’opinion publique locale.
Si tout le monde est d’accord sur le principe de la perception des taxes et impôts pour permettre à l’Etat de garantir la sécurité et les services sociaux à la population, il n’en demeure pas moins que l’opinion estime que le Nord-Kivu en particulier devrait bénéficier des allègements fiscaux, au regard de la situation sécuritaire dégradante et qui ne permet pas un bon climat des affaires.
Eviter la multiplicité de taxes
Le député national Hubert Furuguta dénonce « la multiplicité des taxes exigées » à la population alors que l’insécurité a paralysé toutes les activités socio-économiques au Nord-Kivu. « L’état de siège est venu pour sécuriser le Nord-Kivu. L’état de siège n’est pas venu créer la multiplicité de taxes. Monsieur le gouverneur, voici le message de la population du Nord-Kivu : suspendez le bouclage sur la circulation routière», a-t-il dit jeudi 13 octobre.
Cet élu de Goma souligne que la province du Nord-Kivu devrait être déclarée province sinistrée en raison de la dégradation de la situation sécuritaire. Il formule quelques recommandations :
« Revoir le délai et fractionner les taxes en quatre, sensibiliser les conducteurs et propriétaires des véhicules. Puis, au moins, organiser tous les deux mois un bouclage pour une taxe, parmi les 4 ou 5 taxes que vous demandez ».
Un traitement particulier
David Katumbi, operateur économique et membre de la FEC/Nord-Kivu, pense que la province mérite un traitement particulier en matière fiscal, notamment des allégements fiscaux. Selon lui, malgré l’insécurité et les catastrophes naturelles, la population du Nord-Kivu participe volontairement en payant des charges liées au développement.
« Cette province a quand même évolué positivement en payant des charges qui ne sont même pas autorisées par le gouvernement central. Je cite quelques exemples : lorsque vous voyez un camion-citerne de 40 m3 traverser la frontière, sachez qu’on a prélevé 100 USD par m3, à titre de FONER, 20 USD de TRANSCOM si c’est à immatriculation congolaise, sur ce même camion il y a 250 USD de péage routier. Ici chez nous, il y a aussi le prélèvement de 890 USD qu’on appelle taxes conventionnelles pour la reconstruction. Il y a quand même un minimum de volonté que cette population manifeste », a expliqué David Katumbi.
Contribuer à la sécurisation de la population
Le conseiller du gouverneur militaire en matière des finances et de l’économie, David Kamuha, tout en comprenant les préoccupations de la population, appelle celle-ci au sens de civisme.
Il condamne le meurtre d’un jeune citoyen par un policier au cours du bouclage mardi dernier. David Kamuha parle d’un « acte criminel ». Raison pour laquelle le gouverneur a demandé à la justice d’organiser une audience en flagrance, a-t-il ajouté.
Il fait remarquer que ce recouvrement vise à faire respecter la loi et sécuriser la population :
« le gouvernement provincial comprend le ras-le-bol de la population qui estime qu’on ne devrait pas organiser ces bouclages. Il faut aussi que la population comprenne que ce n’est pas pour des raisons de maximisation des recettes qu’on le fait, c’est pour des raisons de faire respecter la loi. Pour conduire, il faut avoir le permis de conduire, il faut que le véhicule ait fait le contrôle technique, et en définitive, c’est pour contribuer à la sécurité de la population et au maintien de l’ordre public ».
Soyez le premier à commenter