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Entre pression populaire, instabilité coalitionnelle et les exigences de Trump, le Premier ministre israélien navigue en eaux troubles pour décider de l’avenir de la guerre à Gaza.
Jusqu’à lundi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait jongler avec plusieurs facteurs cruciaux pour décider s’il fallait entamer la deuxième phase de l’accord de trêve et d’échange d’otages à Gaza.
Outre l’intérêt national et le sort des otages détenus par le Hamas, deux éléments majeurs pesaient sur ses épaules : l’opinion publique et la stabilité de sa coalition gouvernementale.
Du côté des citoyens, les sondages des derniers jours sont sans équivoque. Malgré la douleur et les risques, une majorité écrasante soutient la poursuite de l’accord.
Celui-ci prévoit la libération des otages restants en échange d’un retrait des forces israéliennes de Gaza, d’une fin de la guerre et de la libération de centaines de prisonniers palestiniens. Vendredi soir, avant même la libération bouleversante d’Or Levy, Ohad Ben Ami et Eli Sharabi, 70 % de la population approuvait cette voie. Même parmi les électeurs de la coalition au pouvoir, 54 % se disaient favorables.
Mais si l’opinion publique semble claire, la situation au sein de la coalition gouvernementale est bien plus complexe. Le Parti Sioniste Religieux (RZP), qui détient huit siècles clés, a menacé de quitter le gouvernement si les combats ne reprenaient pas après la première phase de l’accord.
Une menace qui, cependant, a été formulée avant que Donald Trump ne propose un plan choc : prendre le contrôle de Gaza, relocaliser une grande partie de sa population et reconfigurer la région. Une proposition qui a changé la donne pour Bezalel Smotrich, leader du RZP, qui voit désormais une opportunité historique de réaliser ses ambitions idéologiques sous l’égide de Trump.
Pourtant, lundi, un nouvel élément est venu bouleverser l’équation : Trump lui-même. Le président américain a lancé un avertissement sans équivoque. « Si tous les otages ne sont pas libérés d’ici samedi midi, il est temps d’annuler l’accord et de laisser l’enfer se déchaîner », a-t-il déclaré.
Trump a clairement indiqué qu’Israël avait son feu vert pour agir militairement si nécessaire, sans craindre de critiques ou de restrictions de la part des États-Unis.
Mais cette liberté d’action s’accompagne d’un dilemme redoutable pour Netanyahu. S’il ne suit pas les recommandations de Trump, s’il hésite à relancer une offensive totale par crainte pour le sort des otages restants, que pensera le président américain ?
Le verra-t-il comme un leader faible ? Une image que Netanyahu ne peut se permettre, surtout face à un homme comme Trump, qui méprise la faiblesse et admire la force.
Les tensions passées entre les deux hommes rappellent les risques. En 2020, Trump avait publiquement reproché à Netanyahu de l’avoir « laissé tomber » lors d’une opération contre l’Iran. Une phrase qui, sans doute, résonne encore dans l’esprit du Premier ministre israélien. Aujourd’hui, Netanyahu ne peut pas se permettre de décevoir à nouveau.
Pourtant, la réalité sur le terrain est bien plus complexe que les déclarations de Trump. Si Israël relance la guerre après la libération de trois otages samedi, que deviendront les autres captifs ? Sur les 35 otages encore en vie, quel sera leur sort si les combats reprennent ?
Et surtout, le public israélien est-il prêt à soutenir une escalade militaire brutale alors que des otages sont toujours entre les mains du Hamas ?
Netanyahu se trouve donc pris entre deux feux : d’un côté, la pression de Trump et la crainte de paraître faible ; de l’autre, les attentes de son peuple et le poids moral de décisions qui pourraient coûter des vies.
Alors que l’échéance de samedi midi approche, une chose est sûre : les choix de Netanyahu auront des répercussions bien au-delà de Gaza, façonnant non seulement l’avenir d’Israël, mais aussi ses relations avec son allié le plus puissant.
Dans ce jeu d’échecs géopolitique, chaque mouvement compte. Et pour Netanyahu, le temps presse.
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