Le 13 juin dernier, après des mois d’incertitude, et à la veille d’un débat sur la prolongation de la mission des Nations unies au Mali (Minusma) qui devait aboutir au plus tard pour ce 30 juin, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, jugeait “inestimable” la présence de cette mission et qu’un départ précipité serait “une erreur”. Mais l’homme savait, face à la grogne de la junte militaire malienne, qu’il fallait tenter de proposer des adaptations de cette mission.
Pour le patron de l’Onu, s’il fallait prolonger d’un an et à effectif constant cette mission, il était nécessaire de la reconfigurer et de limiter ses priorités, rationaliser ses missions et déployer les équipes là où le besoin s’en faisait le plus sentir. Sa proposition évoquait la fermeture de certains camps et le retrait de troupes, notamment dans la région de Kidal.
Dans la foulée, tout en notant des progrès réalisés dans la transition politique, il épinglait les restrictions de déplacements imposées aux hommes de la Minusma et soulignait la nécessité d’une enquête transparente suite au rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme qui accuse l’armée malienne et “des combattants étrangers” d’avoir exécuté au moins 500 personnes à Moura l’an dernier.
Plusieurs pays de la région, inquiets de la “progression des groupes extrémistes” et du “risque de propagation de l’instabilité” plaidaient pour un renforcement du mandat de la mission.
La junte inflexible
Des positions et des propositions qui ont laissé de marbre les militaires au pouvoir dans ce pays qui comptent désormais sur les mercenaires de la milice Wagner pour les aider dans leur combat. Le 16 juin, le ministre malien des Affaires étrangères Abdulaye Diop, dans un discours incisif, a expliqué que la mission était un “échec” et que son pays exigeait son “retrait sans délai”.
Un “niet” qui contraint l’onu à plier bagage, les missions des Nations unies nécessitent en effet le consentement du pays hôte.
Sauf improbable retournement de situation, le conseil de sécurité devait donc voter la nuit dernière la fin immédiate de la mission la plus coûteuse des Nations unies (1,2 milliard de dollars par an). Le projet de texte qui doit être voté par 9 des 15 membres permanents du Conseil de sécurité (sans veto) prévoit de “mettre un terme au mandat de la Minusma […] à partir du 30 juin”.
Les Casques bleus cesseraient leurs activités dès ce 1er juillet pour se concentrer sur l’organisation de leur départ, avec l’objectif “de terminer ce processus d’ici le 31 décembre 2023”. Jusqu’à la fin du mois de septembre, les troupes onusiennes auraient encore la possibilité de protéger les civils “aux alentours immédiats” de leurs positions.
La mission, créée il y a tout juste dix ans, et pour laquelle 174 casques bleus ont été tués, avait pour objectif d’aider à stabiliser un État menacé d’effondrement par une offensive djihadiste mais aussi à protéger les civils, contribuer à l’effort de paix et défendre les droits humains. Le Mali, après avoir bouté les Français hors de son territoire, devrait obtenir le départ des troupes onusiennes dans ce qui s’apparente à un pari particulièrement dangereux.
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