Le passage à l’an neuf est généralement synonyme de bilan et de perspective, le mouvement djihadiste de l’État islamique n’échappe pas à la règle. Il vient de publier, ce 4 janvier, à travers son organe de propagande Amaq, le bilan chiffré de ses opérations dans le monde en 2022.
On y découvre ainsi que l’organisation djihadiste revendique 2 058 attaques dans 22 pays. Des actions (attaques, attentats, gestes individuels…) qui ont fait 6 881 victimes, blessées ou décédées.
Mouvement confirmé
Géographiquement, les informations distillées par l’Amaq confirment une tendance de plus en plus perceptible de “développement continu” et même accéléré sur le continent africain.
Selon les chiffres du mouvement djihadiste, près de la moitié des opérations du groupe, soit 1 027 attaques, se sont déroulées dans 13 pays africains et ont occasionné la mort ou blessé 3 195 personnes.
Nigeria et RDC
En Afrique, c’est le Nigeria qui truste les premières places, non seulement au niveau du continent mais également de l’ensemble des actions menées dans le monde par l’État islamique. Le pays a subi 517 attaques dans lesquelles 887 personnes ont perdu la vie ou ont été blessées.
La dernière opération de l’année écoulée visait le président de la République Muhammadu Buhari, le jeudi 29 décembre 2022. Une voiture piégée a explosé trente minutes seulement avant l’arrivée du chef de l’État dans la ville d’Okéné au sud-ouest d’Abuja, la capitale fédérale du Nigeria.
Dans le classement mondial des attaques perpétrées – ou revendiquées – par l’EI, le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique (213 millions d’habitants en 2021) précède l’Irak, qui a enregistré 484 actes liés à l’insurrection djihadiste.
L’autre cible “privilégiée”, qui pointe à la deuxième place des cibles africaines, est la République démocratique du Congo (RDC). Ici, les ADF, mouvement généralement identifié comme originaire de l’Ouganda, ont perpétré 167 attaques qui ont fait 607 morts ou blessés, essentiellement dans le nord-est du pays (les provinces d’Ituri et du Nord-Kivu) qui recèle une centaine de groupes armés qui sèment la mort depuis plus d’un quart de siècle. Les ADF ciblent essentiellement les civils et les positions de l’armée congolaise depuis 2014, à proximité de la frontière avec l’Ouganda. L’État islamique présente ces ADF comme les “dépositaires” de sa branche en Afrique centrale.
Sept provinces en Afrique
Face à cette menace, depuis fin novembre 2021, des patrouilles mixtes des armées congolaise et ougandaise mènent des opérations conjointes pour tenter de les neutraliser, sans grand succès.
Proclamé en 2014 en zone syro-irakienne par l’irakien Abou Bakr al Baghdadi, tué en 2019 par l’armée américaine en Syrie, l’État islamique a rapidement cherché à exporter son combat sous d’autres cieux. Aujourd’hui, l’organisation djihadiste compte sept “provinces” en Afrique. Deux ont été ajoutées en 2022. Le Sahel central s’est détaché du Nigeria pour devenir la sixième province africaine de l’EI. Quelques mois plus tard, c’était au tour du Mozambique, jusque-là associé à la province de l’Afrique centrale, de “gagner” son “indépendance” et de devenir la septième province de l’EI.
Il faut dire que le pays, traversé par une vague d’insurrection depuis cinq ans dans le Cabo Delgado, est devenu une cible privilégiée pour les djihadistes qui, à travers leurs représentants locaux (les Shebabs), peuvent utiliser sa longue côte est-africaine incontrôlée pour de nombreux trafics, dont ceux liés à la drogue provenant d’Afghanistan. Cette côte est perçue par le mouvement djihadiste comme une source importante de revenus pouvant lui assurer sa subsistance et lui donner les moyens de continuer sa progression.
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