Les évêques congolais appellent à la non-publication des résultats des élections

Les évêques congolais appellent à la non-publication des résultats des élections — La Libre Afrique

 

Les évêques congolais appellent à la non-publication des résultats des élections

La mission d’observation des élections menée par les catholiques et les protestants a égrainé un chapelet de reproches. C’était l’un des moments les plus attendus de cette après-élection en République démocratique du Congo où l’Église catholique a toujours joué un rôle essentiel de contrepoids face aux velléités de dérive de tout ordre du pouvoir politique.

Un de moments les plus sensibles pour le pouvoir du président Tshisekedi, toujours donné vainqueur par les chiffres provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Un des plus craint par les zélotes les plus zélés et les plus radicaux du parti présidentiel qui, depuis plusieurs jours, dans des messages anonymes largement diffusés sur les réseaux sociaux, n’hésitent pas à appeler à brûler les églises et à s’en prendre physiquement aux fidèles et aux prêtres si ceux-ci osaient remettre en cause la victoire annoncée de leur favori.

Elections en RDC :

Les évêques catholiques au centre de toutes les attentions Les représentants des deux Églises chargés de présenter cette “déclaration préliminaire”, le Révérend Éric Nsenga pour les Protestants (ECC) et Monseigneur Donatien Nshole pour les catholiques (Cenco) ont expliqué la démarche de la mission d’observation de l’élection (MoE), la quantité d’observateurs envoyés sur le terrain (près de 25 000), avant de passer aux constats et de pointer de nombreuses irrégularités dans les bureaux de vote en se basant sur 42 796 rapports envoyés par leurs observateurs.

Des rapports qui portaient aussi bien sur l’aménagement et l’ouverture des bureaux de vote, le déroulement des opérations de dépouillement, les incidents ou les résultats présidentiels. Le jour J Mais la MoE s’est aussi arrêtée sur les irrégularités qui ont marqué l’avant scrutin, de la non-publication de la liste définitive des électeurs, à l’absence répétée d’affichage de cette liste sur les bureaux de vote comme l’avait pourtant promis la Ceni ou encore le manque de cartographie des bureaux de vote.

Elle pointe aussi le fait que la loi congolaise prévoit que le scrutin devait se tenir sur un jour, de 6 heures du matin à 17 heures. Le fait d’avoir prolongé le scrutin de six jours est porteur de toutes les interrogations et n’a pas permis aux observateurs de remplir leur mission au-delà de la date prévue du 20 décembre. “L’article 52 de la loi électorale stipule que le vote pour le scrutin direct se tient le dimanche ou un jour férié […].

La Ceni a annoncé la prolongation des opérations de vote et de dépouillement jusqu’au 21 décembre. La Ceni informe qu’aucun bureau de vote ne devrait ouvrir après cette date” , explique le rapport lu ce jeudi. Dans ses conclusions, la “déclaration préliminaire” demande à la Ceni et aux cours et tribunaux “ habilités à tirer, en toute responsabilité, toutes les conséquences qui s’imposent, en fonction de l’incidence sur la base des calculs des résultats pour le scrutin concerné, avant de proclamer respectivement les résultats provisoires et définitifs de différents scrutins” .

Elle demande aussi à la Ceni, “pour rassurer les différentes parties prenantes” , de préciser le nombre de bureaux de vote qui ont ouvert le 20 décembre et ceux qui ont ouvert après cette date, et le nombre de machines à voter et de bulletins qui y ont été utilisés régulièrement. Elle insiste encore : “ L’acceptation des résultats par les parties prenantes passe aussi par le respect des dispositions pertinentes de l’article 71 de la loi électorale.

La MoE exhorte la Ceni à ne publier les résultats provisoires que sur la base des résultats consolidés de tous les centres locaux de compilation des résultats” . « Tshisekedi a gagné » Une prudence et une modération qui n’ont pas été entendues par de nombreux observateurs proches de la majorité qui ont déjà annoncé, hier soir, la victoire de Félix Tshisekedi sur la base des 75 % des résultats en possession de la Ceni.

“Le président sortant ne peut plus être rattrapé”, expliquent les médias proches de la présidence, exploitant aussi une petite phrase extraite de la “déclaration préliminaire” qui dit : “grâce au dispositif de comptage parallèle des voix qu’elle a mis en place, la MOE constate qu’un candidat s’est largement démarqué des autres avec plus de la moitié des suffrages à lui seul”. Il n’en fallait pas plus au camp présidentiel pour annoncer la victoire de son favori.

Dans les rangs de l’opposition, par contre, certains expliquaient que ce “candidat qui s’est largement démarqué” était, selon les chiffres de leur décompte de la journée du 20 décembre, Moïse Katumbi. Loin de clarifier la donne, l’hermétisme de cette déclaration risque de donner un coup d’accélérateur aux tensions et contestations.

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Noé Juwe Ishaka ; Ph.D Candidate ; Adler University, Chicago Campus, IL

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