L’administration Trump impose une pause de 90 jours sur les subventions à l’Ukraine, suscitant des réactions vives et des incertitudes géopolitiques.
Le secrétaire d’État Marco Rubio a annoncé la suspension de presque toutes les subventions d’aide à l’Ukraine pour une période de 90 jours, selon un rapport publié vendredi par Politico. Cette décision s’inscrit dans une directive du président Donald Trump visant à auditer l’ensemble des programmes d’assistance étrangère pour en évaluer l’efficacité et la cohérence avec la politique étrangère américaine.
D’après Politico, Rubio a ordonné aux ambassades et consulats américains de délivrer des “ordres d’arrêt des travaux” pour presque tous les programmes d’aide déjà approuvés, y compris l’assistance militaire à l’Ukraine. La BBC a confirmé que cette directive affecterait aussi bien les programmes de développement que l’aide militaire.
Un impact majeur sur l’Ukraine et au-delà
La suspension inclut des initiatives critiques financées par l’Agence américaine pour le développement international (USAID), telles que l’assistance aux écoles, les soins de santé d’urgence et les programmes de vaccination. Depuis février 2022, l’USAID a consacré plus de 2,6 milliards de dollars à l’aide humanitaire et 5 milliards de dollars pour des projets de développement en Ukraine, auxquels s’ajoutent 30 milliards de dollars en soutien budgétaire direct.
Cependant, selon le mémo interne rapporté par le journaliste Ken Klippenstein, deux exceptions ont été accordées : l’aide militaire à Israël et à l’Égypte. Aucun autre pays, y compris l’Ukraine, n’a été mentionné.
Le gel a provoqué des ondes de choc parmi les responsables du Département d’État, habitués à voir l’Ukraine bénéficier d’un soutien prioritaire. “C’est une rupture radicale avec les engagements passés,” a déclaré un ancien haut fonctionnaire interrogé par Politico.
Une stratégie pour négocier la paix ?
Donald Trump, qui a pris ses fonctions lundi, a justifié cette suspension comme un moyen de rationaliser les dépenses américaines et de réorienter la politique étrangère vers des priorités nationales.
Pendant sa campagne présidentielle, Trump avait souvent critiqué son prédécesseur Joe Biden pour son soutien “inconditionnel” à l’Ukraine. Il avait promis de “réduire les gaspillages” et d’utiliser la diplomatie pour mettre fin rapidement au conflit entre Moscou et Kiev.
D’après des observateurs, cette décision pourrait servir de levier pour inciter l’Ukraine et la Russie à reprendre les négociations. Toutefois, le gel de l’aide pourrait affaiblir Kiev à un moment critique, alors que la guerre continue de dévaster son infrastructure et son économie.
Des répercussions géopolitiques potentielles
La suspension soulève également des préoccupations plus larges concernant les relations des États-Unis avec leurs alliés. L’Union européenne, qui a travaillé en étroite collaboration avec Washington pour soutenir l’Ukraine, pourrait percevoir cette décision comme un désengagement américain.
En revanche, Moscou pourrait interpréter ce gel comme un signal de faiblesse ou une ouverture pour intensifier ses efforts sur le terrain.
En outre, la décision met en lumière un recentrage des priorités américaines sur des alliés stratégiques comme Israël et l’Égypte, tout en laissant d’autres partenaires incertains de leur position. “C’est un message clair : les États-Unis ne s’engageront plus à fond dans des guerres étrangères sans bénéfices clairs pour leur propre sécurité,” a déclaré un expert en relations internationales.
Un signal pour l’avenir
Alors que l’administration Trump entame son mandat, la suspension de l’aide à l’Ukraine marque une transition audacieuse vers une politique étrangère plus transactionnelle. Cependant, cette décision risque de provoquer des tensions au sein de l’OTAN et de compliquer les efforts de paix en Ukraine.
Si la pause de 90 jours offre à Washington une opportunité de réévaluer ses engagements, elle pourrait également affaiblir la position de l’Ukraine à la table des négociations. L’avenir de l’aide américaine à l’Ukraine reste incertain, mais son impact sur le paysage géopolitique sera indéniable.
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