Des barrages érigés pour empêcher les électeurs d’accéder aux bureaux de vote, des urnes introuvables, une autre pleine avant même le démarrage du scrutin, des mineurs poussés à voter… Voilà ce que la députée et candidate indépendante à Tsihombe Marie Jeanne d’Arc Masy Goulamaly a dénoncé avec un autre candidat, le 31 mai 2024 dans un courrier officiel adressé aux autorités.
Des constatations réalisées en présence du chef de district et du commandant de la gendarmerie et confirmées par écrit dans un procès-verbal signé par les représentants locaux de la Céni, que RFI a pu consulter. La même journée, des protestations éclatent. La population en vient à incendier deux bâtiments administratifs. Le 1er juin, soit au lendemain de sa plainte, la députée se fait arrêter à Tsihombe, rapportent ses proches, par une cinquantaine de militaires armés et cagoulés pour être conduite au chef-lieu de district à Ambovombe.
Depuis, la députée est en résidence surveillée, à son domicile. Une « détention arbitraire » qu’a dénoncé hier soir Amnesty International dans un communiqué. Nciko wa Nciko est le conseiller pour Madagascar chez l’ONG de défense des droits humains. « Nous demandons sa libération immédiate. La procédure n’a pas été suivie du tout. Il n’y avait pas de mandat de perquisition ni de mandat d’arrêt lorsque les officiers de police et les gendarmes, se sont présentés pour l’arrêter.
Pour nous, il nous parait évident qu’il y a un lien entre cette détention arbitraire et l’élection qui vient de se dérouler. Les irrégularités que la députée a pu soulever ne font que bénéficier au candidat Bernard Tolia, présenté par le parti présidentiel d’Andry Rajoelina. L’arrestation semble vraiment être politiquement motivée. »
« Elle n’aurait pas dû être arrêtée » avec son immunité parlementaire L’ONG souligne également une violation de la Constitution malgache. L’immunité parlementaire de la députée, toujours en fonction, n’a nullement été levée. « Elle n’aurait donc pas dû être arrêtée », rappelle l’ONG.
Cette arrestation, contraire à la Constitution et au règlement intérieur de l’Assemblée nationale a aussi été dénoncée mercredi par le Président de la Chambre basse par intérim dans un courrier adressé au Premier ministre. Contactés, les officiers de la gendarmerie n’ont pas répondu à nos sollicitations.
Le procureur d’Ambovombe explique, lui, que les enquêtes sont encore en cours au niveau de la Gendarmerie et assure ne pas avoir encore été saisi du dossier. La députée de Tsihombe, qui à ce jour ne dispose d’aucune information sur les raisons qui ont motivé son arrestation ni sur sa date de libération, prévoit de faire déposer un dossier de plainte auprès de la Céni et de la Haute Cour Constitutionnelle ce lundi. Elle assure avoir les preuves photos et vidéos de toutes les irrégularités qu’elle a dénoncées.
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