Les membres de l’UE sont à priori des États dotés de structures étatiques fortes, indépendantes et opérationnelles., ce qui n’est guère le cas des pays membres de l’EAC. Il ne s’agit pas ici de démontrer l’éventuel dysfonctionnement de l’EAC mais plutôt de présenter la problématique en terme d’adhésion de la RDC à cette organisation.
Dans mon plaidoyer, j’épinglerais les éléments suivants, le marché commun, la sécurité, l’économie intégrale, la politique monétaire, l’identité commune et la fédération politique.
En général, la problématique qui se pose en adhérant aux organes supranationaux tel que l’EAC est que d’office les adhérants perdent une large partie de leur autonomie.
– La sécurité: la RDC reste à ce jour incapable de se doter d’une armée républicaine et dissuasive. Pour preuve à l’est du pays, elle reste incapable de vaincre le redoutable groupe rebelle M23 (selon le rapport de l’ONU publié en décembre 2022 cette rébellion est soutenu par le Rwanda, également membre de l’EAC). La solution régionale tant proposée dans ce cadre ne cesse d’accoucher d’une souris. Il s’agit ici d’une sous-traitance sécuritaire qui ne produit rien. D’ailleurs, les présumés complices – le Rwanda – s’occupe des renseignements militaires dans le cadre de cette opération. En conclusion, la RDC serait mieux servie en gérant ses défis sécuritaire de manière autonome.
– Le projet de fédération politique; il sous-entend le transfert du pouvoir politique donc exécutif vers un organe régional qui déciderait donc de l’avenir de la RDC. Depuis ces vingt dernières années, les Congolais dénoncent et résistent à ce qu’ils qualifient de complot visant à démembrer leur pays (la balkanisation). Il est donc inconcevable que la RDC puisse s’engagerà dans un tel projet, sauf par naïveté et/ou complicité de sa classe dirigeante actuelle.
– Identité commune de EAC: l’utilisation d’un passeport commun éliminerait d’office la nécessité d’une identité congolaise. A ce jour, la RDC peine à recenser sa population. Face à cette réalité, comment peut-elle envisager d’adhérer à un tel projet alors que le problème de crise identitaire se pose sur l’étendue de la République. L’adoption de ce projet pur encore exacerber la situation et aboutir au chaos.
– Économie et marché commun : en 2020, selon un rapport de la Banque Mondiale, la RDC est classée au 164e rang sur 174 pays selon l’indice de capital humain. Malgré ces immenses ressources naturelles, la RDC demeure l’un des pays pauvres de la planète. L’absence d’un État fort doté d’institutions fortes et indépendantes capables de créer un cadre macro-économique favorable est et demeure le noeud du problème. Le modèle économique introverti actuel engloutit la potentialité du pays et l’introduction d’un marché commun empirerait la situation et donc le bien-être social des Congolais. Vu que les Congolais disposent d’un pouvoir d’achat extrêmement faible, il serait impossible pour eux de concurrencer celui des ressortissants de l’EAC. L’absence de l’État exposerait l’économie locale (les PME généralement réservés aux nationaux) à l’afflux des investissements extérieurs. Par conséquent, l’économie locale serait asphyxiée ce qui amènerait une confiscation économique locale et une inévitable crise sociale. Par ailleurs, ceci est déjà le cas, l’économie de base à Kinshasa est entre les mains des expatriés (précisément indo-pakistanaise).
– La politique monétaire commune : la monnaie est considérée comme baromètre économique sur le plan international. Pour la RDC, pays doté d’aspirations et de capacités de devenir une puissance régionale sous un leadership fort, cette politique desservirait complètement cette perspective en se dilluant dans une monnaie commune.
En conclusion, il est clairement établi que l’adhésion de la RDC à l’EAC aura été une erreur monumentale. Dans les statuts de cette organisation prévoient un mécanisme de retrai. Il est impératif que la RDC déclenche cette procédure.
Ainsi donc, je m’adresse au
– Président de la République M. Félix Tshisekedi Tshilombo,
– Président du Sénat M. Bahati Lukwebo
– Président de l’Assemblée nationale M. Christophe Mboso,
– Honorables sénateurs et députés
Par la cette opinion, je saisis l’occasion pour vous rappeler votre devoir constitutionnel en temps qu’élus du Peuple. Vous avez l’obligation et le devoir de protéger l’intégrité du pays ainsi que ses citoyens. Ici et maintenant, les faits sont clairement établis. Par l’entremise de l’EAC, le pays est sur la voie de l’éclatement, de la balkanisation.
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