Mardi « à 17H03, un Sukhoï-25 en provenance de la République démocratique du Congo a violé pour la troisième fois l’espace aérien rwandais » dans le district de Rubavu, en face de la ville de Goma, a affirmé Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, dans une déclaration transmise à l’AFP, ajoutant que « des mesures défensives ont été prises », sans donner plus de détails.
« Le Rwanda demande à la RDC d’arrêter cette agression », a-t-elle conclu.
Dans un communiqué diffusé dans la soirée à Kinshasa par le ministère de la Communication, le gouvernement de RDC a démenti que l’avion ait survolé l’espace aérien rwandais et a condamné « l’attaque » de l’appareil par l’armée rwandaise, « une action délibérée d’agression qui équivaut », selon lui, « à un acte guerre ».
Le Rwanda avait déjà accusé en novembre et en décembre des avions de chasse congolais d’avoir violé son espace aérien.
Une forte détonation a été entendue mardi après-midi à Goma, dans l’est de la RDC, par des journalistes de l’AFP, suivie de deux tirs et du passage d’un avion Sukhoï de l’armée congolaise. Un tir semble avoir touché l’avion congolais, qui a toutefois pu atterrir sur la piste de l’aéroport de Goma, selon des témoignages. Ces tirs ont provoqué un début de panique à Goma.
« Le gouvernement de la République démocratique du Congo condamne et dénonce fermement l’attaque contre l’un de ses avions Sukhoï-25 par l’armée rwandaise », a réagi Kinshasa.
« Cet avion de chasse a été attaqué pendant qu’il entamait son atterrissage sur la piste de l’aéroport de Goma », précise le gouvernement congolais dans son communiqué. « Les tirs rwandais ont été dirigés vers un aéronef congolais volant à l’intérieur du territoire congolais. Il n’a nullement survolé l’espace aérien rwandais. L’avion a atterri sans dégâts matériels majeurs », ajoute le texte.
Kinshasa « considère cette énième attaque du Rwanda comme une action délibérée d’agression qui équivaut à un acte de guerre n’ayant pour objectif que de saboter les efforts en cours (…) pour la restauration de la paix » dans l’est de la RDC, indique encore le communiqué.
Le gouvernement de la RDC « se réserve le droit légitime de défendre son territoire national et ne se laissera pas faire », conclut-il.
En dépit d’annonces de cessez-le-feu et de retrait des troupes, les combats persistent dans l’est de la RDC entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 (pour « Mouvement du 23 mars »).
Un sommet réuni le 23 novembre à Luanda avait pourtant décidé d’un cessez-le-feu à partir du 25 novembre, suivi deux jours plus tard du retrait du M23 des zones conquises depuis plusieurs mois dans la province du Nord-Kivu.
Cette rébellion majoritairement tutsi, vaincue en 2013, a repris les armes fin 2021. Soutenus et en partie équipés par l’armée rwandaise, ses combattants se sont emparés de vastes pans d’un territoire au nord de Goma.
Kigali dément soutenir le M23, en accusant en retour l’armée congolaise de collusion avec une rébellion hutu rwandaise implantée dans l’est de la RDC depuis le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda.
Des initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de résoudre cette crise de l’est de la RDC, où une force régionale est-africaine, dirigée par le Kenya, est en cours de déploiement.
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