L’armée française n’a pas eu le choix, poussée vers la sortie par une junte malienne qui ne veut plus de la présence tricolore sur son sol.
Les militaires français ont donc entamé leur repli en février après neuf longues années de présence ininterrompue pour lutter contre les djihadistes qui menacent toujours la stabilité du pays et de toute la région. Après les bases de Gossi et Menaka, les militaires doivent désormais abandonner dans le courant du mois d’août leur dernier bastion malien, à Gao.
Une noria de camions
Au total, la France doit sortir du Mali quelque 4 000 containers et un millier de véhicules, dont des centaines de blindés. Entre Gao et Niamey, il y a près de 500 kilomètres d’une route qui passe par une longue bande semi-désertique dite des trois frontières ou Liptako Gourma (entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso). Une zone particulièrement dangereuse qui sert depuis plusieurs années de refuge à de nombreux groupes djihadistes tous affiliés désormais à l’État islamique.
Ces derniers mois, dans le contexte de ce retrait forcé des troupes françaises, les islamistes se montrent très discrets et pratiquent l’évitement mais beaucoup craignent une action symbolique pour marquer les esprits et tenter d’humilier les troupes déjà contraintes de quitter précipitamment le pays. Il s’agit aussi pour les différentes factions djihadistes de se positionner dans la perspective du vide sécuritaire qui sera béant après le départ des troupes de l’opération française Barkhane mais aussi des Européens de Takouba.
Les militaires répètent à l’envi depuis plusieurs mois que la période du désengagement “est toujours la plus sensible et la plus dangereuse”, d’autant qu’elle va devoir composer désormais avec une saison des pluies qui débute et qui va compliquer le transport des véhicules, surtout les camions civils qui doivent demeurer sur la piste là où les blindés et les chenilles sont plus libres de leur trajectoire.
La pluie va aussi inévitablement compliquer le quotidien des avions et rendre les drones inutilisables, ce qui va priver les convois d’une couverture sécuritaire qui incite encore un peu plus à la prudence.
Le Sahel en pleine ébullition
Ce retrait intervient en pleine flambée de violences au Sahel. Plus de 2 000 civils ont été tués au Mali, Niger et Burkina Faso depuis le début de l’année, soit déjà plus que les 2 021 recensés pour toute l’année 2021, selon une compilation de l’ONG spécialisée Acled.
Au terme de ce repli titanesque, seuls 2 500 militaires seront maintenus au Sahel contre plus de 5 000 il y a encore deux ans.
La France conservera notamment plus d’un millier d’hommes au Niger, où un groupement tactique continuera de travailler en partenariat avec les forces nigériennes. Mais le futur de ce positionnement est aussi sous tension. Le Niger a déjà signifié en effet son refus de voir la présence française se densifier sur leur territoire.
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