Entre vide de pouvoir et tensions géopolitiques, une nouvelle ère s’ouvre sur le front syrien
La chute soudaine du régime de Bachar el-Assad a marqué un tournant historique en Syrie, ouvrant un vide de pouvoir dangereux dans une région déjà fragilisée par une décennie de conflits. À peine quelques jours après l’effondrement du pouvoir à Damas et la prise de contrôle par Ahmad al-Sharaa (alias Mohammed al-Julani), l’ex-leader djihadiste d’Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), Israël a déployé ses troupes en territoire syrien et annoncé une présence militaire indéfinie.
« Nous ne permettrons à aucune force hostile de s’établir dans la zone de sécurité en Syrie du Sud », a déclaré le ministre de la Défense israélien, Israel Katz, depuis le Mont Hermon, position stratégique sur le plateau du Golan.
L’annonce israélienne soulève de nombreuses questions : Israël cherche-t-il à établir une nouvelle doctrine militaire face à un pouvoir syrien instable ? Cette occupation prolongée pourrait-elle enflammer une région déjà sous haute tension ?
Israël face au chaos syrien : Stratégie défensive ou expansionnisme militaire ?
L’entrée des troupes israéliennes en Syrie s’inscrit dans une politique de gestion préventive des menaces régionales. Depuis le 7 octobre, Israël a revu en profondeur sa doctrine sécuritaire, refusant désormais de tolérer toute forme d’incertitude militaire à ses frontières.
Mais cette présence militaire prolongée pose un risque stratégique majeur :
- Le flou sur les intentions d’Ahmad al-Sharaa
- Ancien cadre d’al-Qaïda devenu leader de HTS, Al-Sharaa s’est positionné comme un modéré pragmatique depuis sa prise de pouvoir.
- Cependant, ses liens idéologiques avec le jihadisme suscitent de fortes inquiétudes.
- Son accession au pouvoir a ravivé des promesses de soutien à la cause palestinienne, notamment à Gaza.
- Un coup porté à l’influence iranienne, mais une situation volatile
- La chute d’Assad représente un revers pour l’Iran, qui utilisait la Syrie comme passerelle stratégique vers le Hezbollah au Liban.
- Israël a intensifié ses frappes sur les infrastructures iraniennes en Syrie, détruisant plusieurs dépôts d’armes et bases militaires.
- Toutefois, la disparition du régime pro-iranien ne garantit pas la stabilité : la Syrie est désormais un champ de bataille entre factions opposées.
- Un Golan sous haute tension
- Israël occupe une zone tampon en territoire syrien, dans le sud du pays, sans indiquer combien de temps cela durera.
- Cette présence soulève des tensions internationales, certains accusant Israël de profiter du chaos pour étendre son contrôle sur le Golan.
L’équation géopolitique : Un casse-tête pour Israël et ses alliés
La chute d’Assad a redéfini les alliances et les rapports de force en Syrie. Israël doit maintenant naviguer dans une région éclatée, où les ambitions de puissances extérieures risquent d’exacerber l’instabilité.
- Les États-Unis : un soutien clé, mais jusqu’où ?
- Washington, sous une administration pro-israélienne, a confirmé son soutien à la présence israélienne en Syrie.
- Toutefois, les États-Unis doivent également gérer leurs propres alliances :
- Le maintien de la force kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), qu’ils soutiennent.
- Le positionnement de la Turquie, qui rejette toute occupation étrangère en Syrie.
- La Turquie, un acteur imprévisible
- Ankara a joué un rôle clé dans la chute du régime syrien en soutenant des groupes rebelles.
- Israël et la Turquie entretiennent des relations ambivalentes : bien que diplomatiquement en contact, la rivalité régionale reste forte.
- Risque : Un retournement stratégique où les groupes syriens soutenus par la Turquie se retourneraient contre Israël.
- L’Iran, toujours un facteur de déstabilisation
- Bien que privé de son allié syrien, Téhéran pourrait exploiter l’instabilité pour renforcer sa présence clandestine en Syrie via des milices chiites.
- Les frappes israéliennes contre des cibles iraniennes pourraient provoquer une escalade.
Une occupation israélienne temporaire ou un tournant durable ?
Les déclarations officielles israéliennes restent volontairement vagues sur la durée de leur présence en Syrie. Selon l’experte en sécurité Carmit Valensi, Israël cherche avant tout à comprendre qui prendra réellement le contrôle du pays avant de décider d’un retrait.
Cependant, plusieurs scénarios se dessinent :
- Un retrait progressif si une force stabilisatrice émerge
- Israël pourrait quitter la région si un nouveau pouvoir syrien fiable parvient à contrôler les factions radicales.
- Cependant, l’histoire récente de la Syrie montre que le chaos pourrait durer encore des années.
- Une occupation à long terme avec une gestion des tensions
- Israël pourrait décider de maintenir une présence permanente en Syrie, notamment pour protéger le Golan et les frontières nord.
- Cela entraînerait une résistance accrue et pourrait isoler diplomatiquement Israël.
- Un risque d’enlisement et d’escalade
- L’armée israélienne pourrait se retrouver dans une guerre asymétrique contre des groupes armés syriens.
- À mesure que les tensions montent, le conflit pourrait s’étendre au Liban ou à l’Irak, où l’Iran a des relais militaires.
Un tournant géopolitique majeur au Moyen-Orient
Israël a toujours eu une approche pragmatique de la Syrie, menant des frappes ciblées sans s’impliquer directement dans la guerre civile. Aujourd’hui, cette neutralité est révolue.
L’avenir de la Syrie est une énigme :
- Israël ne peut pas se permettre de sous-estimer la menace d’un nouveau régime potentiellement hostile.
- Mais une présence militaire prolongée pourrait attiser un nouveau front conflictuel.
L’évolution de la situation dépendra des alliances et des intérêts régionaux, dans un Moyen-Orient plus fragmenté que jamais.
💬 Israël a-t-il raison de s’installer en Syrie, ou risque-t-il un conflit prolongé ? L’occupation est-elle une nécessité sécuritaire ou un projet expansionniste ? Partagez vos réflexions.
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