Crise Sécuritaire en RDC : Entre Convoitises Extérieures et Défaillances Internes
Depuis près de trois décennies, la région de l’Est du Congo (RDC) est le théâtre d’une des crises sécuritaires les plus dévastatrices à l’échelle mondiale. Cette tragédie humaine, marquée par des millions de morts, a également forcé plus de six millions de personnes à quitter leurs foyers, transformant ainsi la RDC en l’un des plus grands théâtres de déplacements forcés au monde. Au cœur de cette instabilité, la région du Kivu demeure particulièrement touchée, illustrant les multiples facettes d’un conflit aux répercussions profondes.
Dans une intervention marquée par une profondeur spirituelle et sociale, lors de son homélie à Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de la capitale, a mis en lumière les diverses causes exacerbant cette crise. Il a notamment pointé du doigt l’appétit insatiable des multinationales pour les ressources naturelles abondantes de la RDC ainsi que les ambitions expansionnistes de pays voisins, le Rwanda étant explicitement mentionné, comme facteurs externes nuisant à la paix dans la région.
Cependant, avec une clairvoyance critique, le Cardinal Ambongo a surtout souligné les racines internes de cette crise prolongée. Parmi celles-ci, il a déploré la mauvaise gouvernance, l’absence de leadership inclusif et la répartition inéquitable des richesses du pays comme étant au cœur du problème. “La paix doit d’abord éclore dans le cœur de chaque Congolais,” a-t-il affirmé, soulignant la nécessité d’une transformation intérieure collective pour surmonter ces défis.
Lors d’une messe pascale à la paroisse Saint Jean-Baptiste, le prélat a exprimé son désarroi face à la gestion des finances publiques, révélant que les frais de fonctionnement des institutions et des ministères accaparent plus de 70% du budget national. Cette situation laisse moins de 30% pour répondre aux besoins des quelque 80 millions de Congolais, exacerbant les frustrations et les sentiments d’exclusion parmi la population.
Cette répartition budgétaire inéquitable contribue, selon le Cardinal, à l’essor des mouvements rebelles dans l’Est du pays. Il a mis en exergue le paradoxe d’un pays doté de richesses naturelles exceptionnelles, dont les représentants politiques figurent parmi les mieux rémunérés au monde, tout en laissant une grande partie de sa population dans une précarité abyssale. Cette contradiction alimente les mécontentements et pousse certains à rejoindre les rangs des insurgés, non par trahison, mais en réponse à une marginalisation et une injustice ressenties au quotidien.
« Ces actes de rébellion ne sont pas sans cause. Ils sont le reflet d’un malaise profond au sein de notre société, où l’injustice et l’exclusion poussent certains à des mesures désespérées. Il est impératif de s’attaquer aux racines de ces frustrations pour espérer restaurer la paix et l’unité nationale », concluait le Cardinal Ambongo, appelant à une introspection nationale pour redresser le cours d’un pays au potentiel immense mais entravé par des conflits internes et externes persistants.
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