L’opposition appelle la population à manifester ce samedi 20 janvier, jour de l’investiture du président. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a enfin rendu public son analyse des scrutins pr ésidentiel et législatifs du 20 décembre (et jusqu’au 27 décembre dans certains bureaux de vote). Le texte, débattu de longues heures en début de semaine par le cardinal Ambongo, les archevêques et les évêques, était très attendu tant par l’opposition, qui en espérait un soutien à son mouvement de contestation des scrutins, que par le pouvoir qui s’est reconduit et qui craignait d’être vilipendé par un texte de la puissante Église catholique congolaise. RDC: les églises catholique et protestante vent debout contre le président de la Céni Les chancelleries, surtout occidentales, qui se sont généralement contentées de prendre acte de l’élection de Félix Tshisekedi (à l’exception notoire de la Belgique qui fut élogieuse à l’égard du président de la République brillamment reconduit) ne cachaient pas leur impatience. L’ambassadrice des États-Unis n’a pas hésité à inviter le cardinal Ambongo avant la finalisation du texte… Finalement, c’est ce jeudi 18 janvier que la Cenco a rendu public ce texte. Le titre est évocateur : “Celui qui se livre à la fraude n’habitera pas dans ma maison” (Psaume 101 : 7). Dans ses observations, se basant sur le travail de la mission d’observation électorale (MoE) menée conjointement par les catholiques et les protestants, les évêques congolais rappellent la détermination du peuple à croire et à attendre “de ces élections des opportunités pour marquer un bon départ de la gouvernance et de la consolidation de la paix… » Mais ils ajoutent immédiatement des constats clairs sur les “instances compétentes ayant la charge de veiller sur la régularité des élections, notamment la Ceni et la Cour constitutionnelle”. Ils évoquent ainsi des “irrégularités et incidents dont l’ampleur et l’étendue font des élections du 20 décembre 2023 une catastrophe électorale”, ces trois derniers mots apparaissant en gras sur le texte transmis par la Cenco. RDCongo: les évêques exhortent à « tout mettre en œuvre pour éviter une parodie d’élections » Ils ajoutent que “ces élections ont été caractérisées, en général, par la fraude, la corruption à grande échelle, le vandalisme de matériel électoral, l’incitation à la violence, la détention illégale de dispositifs électronique de vote (DEV), l’achat des consciences, l’intolérance, l’impudicité, l’atteinte aux droits humains, à la vie humaine et à la dignité des personnes allant jusqu’à humilier publiquement la femme”. La charge est terrible, à la hauteur de l’image qu’a renvoyée cette non-élection. Les évêques pointent la responsabilité de la Ceni pour son “obstination au regard des contraintes dont elle était pourtant consciente”. Ils soulignent encore, le passage est aussi en gras dans le texte, “un nombre impressionnant de votes parallèles avec des machines à voter trouver chez les particuliers”. Avant de s’interroger faussement : “D’aucuns se posent la question de savoir s’il n’y avait pas planification quelque part au niveau du pouvoir organisateur”… Dénonciation et validation Tous les constats vont dans le sens d’une gigantesque tricherie. Les évêques évoquent encore les bulletins de vote qui circulaient en dehors de la Ceni, le refus de cette même Ceni d’entendre les appels pour un audit indépendant du fichier électoral, l’absence de la cartographie des bureaux de vote, etc. Le chemin de croix des organisateurs des scrutins ne s’arrête pas là. Ils parlent ouvertement du manque de crédit de cet exercice pseudo-démocratique, constatant encore “qu’au stade actuel, il n’y a que plus ou moins 6 % de députés issus de l’opposition” et d’ajouter (en gras) : “Cette situation comporte un grand risque de rentrer au monopartisme, ce qui serait un grand recul de notre démocratie naissante”. Ces constats posés, la Cenco entérine pourtant l’élection de Félix Tshisekedi, dans un élan qui semble nier toute la mission qu’ils s’étaient donnée. ils s’adressent ainsi au président en lui apportant “notre contribution susceptible de l’aider à réussir ce deuxième et dernier mandat pour l’intérêt du peuple congolais”. Appel à manifester Parallèlement à cette sortie, trois opposants Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Floribert Anzuluni ont tenu ce jeudi en début d’après-midi une conférence de presse à distance, Moïse Katumbi étant empêché de quitter le Katanga, pour appeler les Congolais à manifester samedi sur tout le territoire. “Il n’y a pas une grande manifestation avec un itinéraire programmé qui serait immanquablement interdite ou prise pour cible par les forces de l’ordre ou les milices du pouvoir armées de machettes et qui agissent en toute impunité”, explique Martin Fayulu. “Le peuple congolais a été ridiculisé”, a enchaîné Moïse Katumbi qui a insisté sur cette “non-élection construite à coups de machine à voler”. RDC : Scrutin, la Cenco et l’ECC tirent la sonnette d’alarme Les trois hommes ont notamment rappelé quelques résultats “étonnants” de ce “braquage électoral”, comme le score ridiculement bas recueilli par Fayulu dans la province du Kongo central (8 544 voix) ou ses 210 000 sur 1,7 million disponibles à Kinshasa, là où, selon les chiffres de la Ceni, Tshisekedi a raflé 1,4 million de suffrages. Dans le Katanga, “octroyé” à Katumbi à la présidentielle, les électeurs auraient, toujours selon les pv uniquement électronique transmis par la Ceni, massivement voté aux législatives pour des candidats de la plateforme du pouvoir. Ce qui fait dire aux trois intervenants ciblant le camp Tshisekedi, qu ‘”ils auraient pu au moins tenter de tricher intelligemment”. Que pensez-vous de cet article? Soyez la première personne à évaluer cet article.
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Noé Juwe Ishaka ; Ph.D Candidate ;
Adler University, Chicago Campus, IL
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