Provoquée par la sécheresse – liée au réchauffement climatique – ou par des conflits, qu’elle contribue à entretenir par ailleurs, cette situation, pointée par l’Unicef, mais aussi les ONGs Care et Oxfam lors d’une conférence de presse commune jeudi à Paris, s’accompagne de chiffres toujours plus vertigineux.
Au Burkina Faso, profondément déstabilisé par une insurrection jihadiste meurtrière, trois fois plus d’enfants ont été tués entre janvier et septembre 2022 que sur la même période en 2021, et le nombre de mineurs traités pour malnutrition aiguë sévère a augmenté de 50% d’une année sur l’autre, selon l’Unicef.
Au Niger, la sécheresse récurrente et des inondations désastreuses en 2022, outre les conflits en cours, ont rendu les récoltes de plus en plus difficiles, provoquant une « chute de la production céréalière de près de 40% », déplore Louis-Nicolas Jandeaux, d’Oxfam France.
Quelque 430.000 enfants nigériens souffrent de malnutrition sévère aiguë, alors que 154.000 femmes enceintes et allaitantes devraient en être victimes cette année, contre environ 64.000 en 2022, soit une augmentation de 141%, selon Lucile Grosjean, une porte-parole de l’Unicef.
Dans la Corne de l’Afrique, cinq saisons des pluies déficitaires d’affilée ont tué des millions de têtes de bétail et détruit les récoltes. Selon l’ONU, 22 millions de personnes sont menacées par la faim en Ethiopie, au Kenya et en Somalie, où sévit en plus une insurrection islamiste.
– Besoins financiers « énormes » –
« On prévoit qu’entre avril et juin, plus d’un tiers de la population somalienne – 6,5 millions de personnes, NDLR – sera en état de crise alimentaire, avec des projections de famine », soit « un manque extrême de nourriture provoquant la mort », dans certaines régions du pays, déplore Mathilde Casper, de l’ONG Care.
Cette situation, qui relève d’une « injustice », est la « conséquence d’une inaction permanente des pays riches », tonne Louis-Nicolas Jandeaux, alors qu’en 2022 « à peine 62% des besoins de financements humanitaires » ont été comblés dans ces régions.
Les besoins financiers sont « énormes » et les grands bailleurs occidentaux doivent « changer d’échelle » et « se coordonner », estimait en novembre David Beasley, l’ancien directeur du Programme alimentaire mondial, interrogé par le quotidien Le Monde.
« Nous sommes face à la pire crise alimentaire et humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale », affirmait-il.
Dans un communiqué séparé jeudi, l’ONG Médecins sans frontières fait état d’un nombre d’admissions d’enfants malnutris « plus élevé que jamais » enregistré par ses équipes de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria.
« Le nombre d’admissions hebdomadaires pour malnutrition sévère et modérée est deux à trois fois plus élevé que la moyenne enregistrée au cours des cinq dernières années », s’inquiète Htet Aung Kyi, coordinateur médical de MSF, « et la tendance est à la hausse ».
« L’année dernière a été terrible, mais cette année pourrait être pire si cette tendance se poursuit », s’alarme-t-il, craignant une « situation catastrophique » lorsqu’arrivera la période de soudure, soit le moment avant les premières récoltes de 2023, quand celles de 2022 seront épuisées.
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