Le bilan des autorités marocaines fait état d’au moins 23 morts.
« Certaines actions des agents espagnols et marocains, comme frapper des personnes immobilisées (…), refuser des soins médicaux d’urgence aux personnes blessées, l’usage répété de gaz lacrymogène contre des personnes se trouvant dans un espace clos dont elles ne pouvaient s’échapper, peuvent constituer une violation du droit à ne pas subir de torture et autres mauvais traitements », ajoute Amnesty.
« Six mois plus tard, les autorités espagnoles et marocaines continuent de nier toute responsabilité dans le carnage de Melilla », alors que « les preuves s’accumulent au sujet de multiples violations graves des droits humains (…) Cette situation sent la dissimulation et le racisme », estime la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, citée dans un communiqué de l’organisation.
Le 24 juin dernier, près de 2.000 clandestins, en majorité originaires du Soudan – pays très pauvre miné par les conflits -, avaient tenté de pénétrer dans l’enclave de Melilla, située sur la côte nord.
La mort d’au moins 23 d’entre eux, selon Rabat, représente le bilan humain le plus lourd jamais enregistré lors des tentatives d’intrusion de migrants dans cette enclave ou dans celle de Ceuta, qui constituent les deux seules frontières de l’UE sur le continent africain.
Cette tragédie avait provoqué l’indignation internationale, l’Onu dénonçant un « usage excessif de la force » de la part des autorités marocaines et espagnoles.
Comme Amnesty, des experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu ont évoqué fin octobre un bilan d’au moins 37 morts et dénoncé le manque de responsabilités concrètes établies, aussi bien en Espagne qu’au Maroc.
Deux enquêtes publiées en novembre par la BBC et le consortium européen Lighthouse Reports, auxquelles ont notamment participé les quotidiens espagnol El Pais et français Le Monde, avaient dénoncé la brutalité des forces marocaines et questionné l’action des forces espagnoles.
Elles avaient notamment conclu à la mort d’au moins un migrant en territoire espagnol, ce que le ministre de l’Intérieur espagnol, sur la sellette depuis ce drame, a nié à plusieurs reprises.
Dans une lettre adressée vendredi à plusieurs ONG et consultée par l’AFP, le Défenseur des droits espagnol, qui enquête sur ces faits comme le parquet, a jugé que les explications du ministère de l’Intérieur « n’ont pas été suffisantes » jusqu’ici.
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