La fistule se produit au cours d’un accouchement difficile et long, lorsque la tête de l’enfant vient comprimer les organes. Des lésions apparaissent alors entre le vagin et la vessie ou le rectum, avec des conséquences parfois graves pour la santé de la mère.
Selon Paul Roger Bilé Kouadio, point focal fistules au Programme national de la santé de la mère et de l’enfant du ministère de la Santé, la maladie est liée à un ensemble de facteurs : « Il y a d’abord le jeune âge, les grossesses précoces. Une jeune fille enceinte avant 18 ans, c’est un facteur favorisant. Il y a l’excision, aussi.
Il y a toutes les discriminations liées au genre parce que la femme n’a pas droit à la parole, parce que la femme n’est pas scolarisée. Il y a aussi la malnutrition de l’adolescente qui fait que des malformations osseuses peuvent provoquer un accouchement difficile, dit dystocique. » Depuis 2012, ce projet a permis d’opérer gratuitement 3 500 femmes, porteuses de fistules obstétricales, et de réinsérer socialement 1 500 d’entre elles, car cette maladie reste extrêmement stigmatisée.
Les femmes qui en sont victimes sont très souvent répudiées par leur mari et mises au ban de leur communauté. L’Arsip, une faîtière d’associations, tente de sensibiliser les leaders religieux, comme l’explique Ama Nouratou Koffi, directrice des programmes de l’Arsip : « Quand un imam, par exemple, vient dire :
“Voici telle maladie qui existe, si tu as ça, identifie-toi pour qu’on puisse te soigner”, le fidèle a confiance en son leader, s’il donne l’information, c’est que c’est vrai. Lorsqu’ils parlent, les fidèles acceptent. Donc les leaders religieux, les leaders communautaires nous aident dans cette activité-là parce que ce sont eux qui donnent l’information pour que l’on puisse atteindre les femmes que nous cherchons. » La campagne s’achèvera au mois de décembre. Dans l’intervalle, ses acteurs espèrent pouvoir opérer encore 700 femmes.
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