Côte d’Ivoire : Le Départ des Troupes Françaises, Une Nouvelle Ère d’Indépendance

La décision d’Abidjan s’inscrit dans une dynamique régionale de rejet des anciennes puissances coloniales.


En janvier 2025, la Côte d’Ivoire tournera une page importante de son histoire en récupérant le contrôle du camp militaire de Port-Bouët, jusque-là occupé par des troupes françaises. Cette décision, annoncée par le président Alassane Ouattara lors de son discours de fin d’année, marque une étape clé dans le processus de modernisation des forces armées ivoiriennes et reflète une volonté croissante de se libérer des influences héritées de la colonisation.

Un tournant historique
« Nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises », a déclaré le président Ouattara, soulignant que cette démarche s’inscrit dans une vision de souveraineté nationale et de renforcement des capacités locales. Depuis l’indépendance en 1960, la France avait maintenu une présence militaire en Côte d’Ivoire, avec jusqu’à 600 soldats stationnés dans le pays. Ce départ met fin à une présence de plus de six décennies, marquées par des relations complexes entre Abidjan et Paris.

Cette décision n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de remise en question des relations militaires entre les anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest et leurs anciennes puissances coloniales. Ces dernières années, des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont également demandé le départ des troupes françaises, souvent à la suite de coups d’État militaires. Plus récemment, en novembre 2024, le Tchad a mis fin à son accord de coopération militaire avec la France, tandis que le Sénégal a annoncé la fermeture de toutes les bases françaises sur son sol d’ici fin 2025.

Un rejet des dynamiques néocoloniales
Depuis des décennies, la présence militaire française en Afrique suscite des controverses. Si certains soutiennent qu’elle contribue à la lutte contre le terrorisme et au maintien de la stabilité régionale, d’autres y voient une perpétuation des dynamiques néocoloniales, où les pays africains restent dépendants de Paris pour leur sécurité. Cette dépendance, combinée à une inefficacité perçue dans la gestion des menaces terroristes, pousse aujourd’hui plusieurs États africains à réévaluer leurs alliances stratégiques.

La montée en puissance de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie, illustre ce changement. Après l’annonce ivoirienne, le ministère russe des Affaires étrangères a salué ce retrait, affirmant qu’il reflète une volonté populaire dans les pays francophones d’Afrique de se débarrasser de la présence étrangère.

Une stratégie française en mutation
Face à ce rejet croissant, Paris tente d’ajuster sa stratégie. Plutôt que de maintenir une forte présence permanente, la France prévoit désormais de privilégier des opérations ciblées et de réduire ses effectifs en Afrique. À ce jour, environ 1 500 soldats restent stationnés à Djibouti et 350 au Gabon, mais ces effectifs sont loin des déploiements massifs du passé.

Cependant, cette nouvelle approche suffira-t-elle à regagner la confiance des pays africains ? Pour beaucoup, la clé réside dans une coopération véritablement égalitaire, débarrassée des relents de domination du passé. La Côte d’Ivoire, comme d’autres nations ouest-africaines, semble déterminée à reprendre en main son destin, marquant une transition vers une ère où la souveraineté et la responsabilité locale priment.

Un signal fort pour l’Afrique de l’Ouest
Le retrait des troupes françaises de Côte d’Ivoire est plus qu’une simple réorganisation militaire. Il symbolise une prise de position ferme contre des systèmes hérités de l’ère coloniale. En modernisant ses forces armées et en diversifiant ses partenariats stratégiques, Abidjan envoie un message clair : l’Afrique de l’Ouest est prête à prendre son indépendance, non seulement politique mais aussi sécuritaire.

Avec cette décision, la Côte d’Ivoire rejoint une vague régionale, porteur d’un message d’espoir pour les générations futures : un continent africain pleinement maître de ses choix et de son avenir.

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