La première question : où réside, au jour le jour, le chef de l’État du Burkina Faso ? Après l’attaque désastreuse pour l’armée burkinabè sur Mansila qui a fait au moins 100 morts dans les rangs de l’armée, le 11 juin 2024, et l’épisode d’une roquette tombée sur la Radio-Télévision du Burkina (RTB) le 12, en plein Conseil des ministres, le président de la transition – au pouvoir depuis le 20 septembre 2022, suite à un coup d’État – aurait été mis à l’abri dans la banlieue de Ouagadougou, à Loumbila.
Une mise à l’abri assortie d’un prompt renfort de militaires maliens et de supplétifs de Wagner débarqués par avion de Gao (Mali). Deuxième interrogation : quid du sort du président ? Le fiasco de Mansila a jeté un froid au sein de l’armée où certains contestent la compétence du pouvoir en place pour contrer l’avancée des jihadistes. Plusieurs brigades d’intervention rapide (BIR) auraient fait un refus d’obstacle lorsqu’il s’est agi d’aller contre-attaquer les jihadistes à Mansila.
Et l’autorité du chef suprême des armées – qui se vantait de pouvoir régler le problème terroristes en trois mois au Faso – vacille de plus en plus. De nombreuses rumeurs à Ouagadougou se répandent par ailleurs à propos de tractations autour de la présidence burkinabè. Toutes les hypothèses vont bon train : l’une consiste à dire que « IB » va surmonter la vague contestataire au sein de l’armée avec l’assentiment et le soutien des deux pays frères de l’Alliance des États du Sahel (AES) et notamment du Mali qui n’envoie pas que des hommes mais aussi des messages : difficile, en effet, pour Bamako d’imaginer que le patron du Burkina soit une personne qui ne serait pas « en phase » avec la grande AES. L’autre hypothèse serait un départ ou une mise à l’écart du capitaine Traoré.
Bon nombre de hauts gradés n’ont jamais accepté d’être soumis à l’autorité d’un subalterne dans la hiérarchie militaire. Certains seraient à la recherche d’un homme providentiel au sein de l’armée burkinabè qui serait aussi plus ouvert à un retour de la société civile et aux politiques qui, depuis l’avènement d’Ibrahim Traoré, sont priés de se taire. Pour la première fois depuis huit jours, le capitaine Ibrahim Traoré a pris la parole pour rassurer le personnel de la RTB et dénoncer ce qu’il appelle des «fake news»
C’est la première prise de parole publique d’Ibrahim Traoré, dix jours après ce qui est présenté comme « un incident de tir » à la RTB, ayant fait quatre blessés. C’est aussi la première déclaration depuis l’attaque djihadiste de Mansila le 11 juin, qui a fait plus de cent morts dans les rangs de l’armée burkinabè, selon nos sources. La visite du président de la transition avant son conseil des ministres ressemblait à une mise au point.
Avant de se rendre en conseil des ministres, le Président de la transition a assuré au personnel de la RTB que les « mouvements d’humeur » au sein de l’armée étaient uniquement le fait de certains médias, « menteurs » et « manipulateurs ». « C’est faux, il n’y a rien eu » a-t-il insisté. Durant cette prise de parole, Ibrahim Traoré ne s’est pas étendu au sujet de la bataille de Mansila.
S’il a expliqué avoir lancé une « opération » au lendemain de l’attaque pour « monter à l’assaut » dit-il, il n’a communiqué aucun bilan humain de ces affrontements entre soldats burkinabè et terroristes du JNIM.
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