Sergueï Lavrov s’est entretenu pendant une heure et demie avec Denis Sassou Nguesso, selon notre correspondant à Brazzaville, Loïcia Martial. Leurs échanges ont porté, entre autres, sur la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine.
Un dossier sur lequel « le président Sassou a fait preuve de compréhension », assure le chef de la diplomatie russe. « Il comprend bien que l’Ukraine est l’instrument de l’Occident, dont l’objectif est d’infliger une défaite stratégique à la Russie », a-t-il estimé.
Il a aussi fustigé la conférence de paix que la Suisse doit abriter à la mi-juin sur l’invasion russe, à laquelle le Kremlin n’est pas convié. « Je pense que cette conférence en Suisse n’a aucun sens. Le seul but recherché qu’il puisse y avoir, c’est qu’ils essayaient de conserver ce bloc anti-Russe qui est en train de se dégrader », a dit M. Lavrov. Tout en réitérant sa neutralité, le Congo a indiqué qu’il ne comprenait pas l’exclusion de la Russie.
« La fédération de Russie a été exclue (de cette conférence) et nous ne comprenons pas si c’est vraiment pour la recherche de la paix que se réunit cette conférence, a expliqué Jean-Claude Gakosso, ministre des Affaires étrangères congolais. Évidemment, dans un conflit de ce genre, si on recherche vraiment la paix, il faut autour de la table les deux protagonistes », a-t-il souligné, tout en réaffirmant la neutralité de son pays vis-à-vis de ce conflit.
Sur la Libye, Lavrov s’en prend aux Occidentaux
À l’ordre du jour également, la situation en Libye. Devant la presse, Serguei Lavrov est revenu sur la genèse du conflit libyen qui a démarré, selon ses propos, avec l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011. Il a accusé les Occidentaux d’en être responsable et d’avoir participé à la destruction de ce pays d’Afrique du Nord.
« Notre position est bien connue et nos évaluations de ce conflit sont aussi bien connues. Nous considérons que ce qui s’était passé en Libye, c’était une tragédie. C’est une tragédie qui s’est produite en 2011 et dans laquelle les membres de l’OTAN sont impliqués », a-t-il déclaré.
Le Congo, qui préside le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, est convaincu que la sortie de crise passe par la tenue d’une conférence de réconciliation inter-libyenne. Serguei Lavrov se dit prêt à soutenir cette initiative : « Nous soutenons l’initiative du président Denis Sassou-Nguesso qui vise à organiser une conférence inter-libyenne. Nous utiliserons nos contacts avec les différents acteurs politiques libyens pour que cette conférence puisse avoir lieu », a-t-il promis.
L’Union africaine tient à ce que ce conflit soit résolu par des initiatives proprement africaines. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, rongée par les divisions, est gouvernée par deux administrations rivales : l’une à Tripoli (ouest) dirigée par Abdelhamid Dbeibah et reconnu par l’ONU, l’autre dans l’est, incarnée par le Parlement et affiliée au camp de Khalifa Haftar, avec lequel Moscou entretient des relations étroites.
Prochaine étape, le Burkina Faso La Russie mène depuis plusieurs années une offensive diplomatique en Afrique pour y supplanter les puissances occidentales traditionnelles. Isolée sur la scène internationale et en quête d’alliés, elle a décuplé ses efforts depuis son assaut contre l’Ukraine en février 2022. Après le Congo, Sergueï Lavrov a atterri mardi dans la soirée avec sa délégation à Ouagadougou, au Burkina Faso, a annoncé le ministère des Affaires étrangères burkinabè dans un communiqué.
Le pays sahélien dirigé par un régime militaire ayant obtenu le départ des troupes françaises début 2023, avant de se rapprocher de la Russie. M. Lavrov a été accueilli par son homologue, Karamoko Jean-Marie Traoré, « dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail de 48 heures », selon la même source. Après quoi, selon l’entourage de Sergueï Lavrov, celui-ci doit également se rendre au Tchad.
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