Assemblée générale de l’ONU 2024: Entre tensions diplomatiques et obligations non remplies
L’absence du président russe Vladimir Poutine lors de la session de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York suscite une fois de plus des questions sur les relations tendues entre la Russie et les États-Unis.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a justifié cette décision en affirmant que les États-Unis ne remplissent pas adéquatement leurs obligations en tant que pays hôte du siège de l’ONU.
La participation de la Russie à l’Assemblée générale de l’ONU sera cette année assurée par le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le choix de ne pas envoyer Poutine repose sur une critique récurrente de Moscou à l’égard de Washington, qui, selon le Kremlin, échoue à garantir l’accès sans entrave aux diplomates russes.
Cette accusation s’inscrit dans une série de tensions exacerbées depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, date à laquelle les États-Unis ont imposé des sanctions drastiques contre des responsables russes de haut rang, y compris Poutine et Lavrov.
Malgré le siège de l’ONU à New York, régi par l’accord de 1947, qui oblige les États-Unis à accorder une immunité et un accès complet aux diplomates étrangers, la Russie soutient que ces engagements ne sont plus respectés.
En avril 2023, Washington a refusé d’accorder des visas à des journalistes russes accompagnant Lavrov aux réunions de l’ONU, les accusant de « propagande ». Cette décision a été vivement critiquée par le chef de la diplomatie russe, qui n’a pas hésité à qualifier cette manœuvre de “stupide” et d’entrave à la liberté d’information.
Contexte géopolitique : la Russie isolée sur la scène internationale ?
L’absence de Poutine à New York n’est pas un fait nouveau. Depuis 2015, le président russe n’a pas participé en personne à l’Assemblée générale, préférant des interventions préenregistrées, comme ce fut le cas en 2020.
Ce retrait progressif de la scène onusienne s’explique par la dégradation continue des relations entre la Russie et les États-Unis, mais aussi par la volonté de Moscou de s’éloigner des forums multilatéraux dominés par l’Occident.
La présence de Vladimir Zelensky, le président ukrainien, qui doit prononcer un discours le 25 septembre, souligne encore davantage l’isolement de la Russie dans ces instances internationales.
Alors que des dirigeants de premier plan tels que Joe Biden, Emmanuel Macron et Keir Starmer prendront la parole lors de cette session, la Russie, elle, continue de dénoncer ce qu’elle perçoit comme une politique d’hostilité systématique menée par les États-Unis et leurs alliés occidentaux.
Le rôle de l’ONU dans un contexte de crise mondiale
Le boycott de ces événements par des figures comme Poutine pose la question du rôle et de l’efficacité de l’ONU dans un monde de plus en plus polarisé. L’Assemblée générale, qui se tiendra du 23 au 30 septembre, est censée être un espace de dialogue et de coopération, mais elle devient de plus en plus le théâtre de luttes d’influence, notamment entre les grandes puissances.
La question de savoir si l’ONU peut encore servir de pont entre l’Est et l’Ouest est de plus en plus posée, alors que les blocs se cristallisent autour de la guerre en Ukraine.
Le refus de Poutine de se rendre à New York n’est donc pas simplement un geste symbolique, mais un signal fort de la Russie, affirmant que l’Occident ne peut plus prétendre contrôler les arènes multilatérales.
Cela s’inscrit dans une stratégie plus large de la Russie visant à renforcer ses alliances en Asie et en Afrique, tout en cherchant à déstabiliser l’ordre international dominé par les États-Unis.
Le différend sur la manière dont les États-Unis remplissent leurs obligations en tant que pays hôte de l’ONU pourrait aggraver encore les tensions entre Washington et Moscou.
Ce qui semble être une décision anodine, à savoir le refus d’accorder des visas à des journalistes ou à des diplomates, pourrait à terme miner la crédibilité de l’ONU en tant qu’institution véritablement neutre.
Alors que la Russie continue de critiquer les actions des États-Unis en matière de diplomatie internationale, les observateurs s’interrogent sur l’avenir des relations entre ces deux grandes puissances.
Poutine, en ne se rendant pas à New York, choisit une voie conflictuelle, laissant Lavrov en première ligne pour défendre les intérêts de Moscou sur une scène mondiale qui semble de plus en plus défavorable à la Russie.
Dernières réflexions : Entre mal de l’air et mal de l’ONU, Poutine reste au Kremlin
On peut imaginer Poutine jetant un coup d’œil à son agenda, regardant le vol long et fastidieux vers New York, et se disant : “Non, merci.” Après tout, pourquoi traverser l’Atlantique pour être accueilli à coups de sanctions et de critiques ? Autant rester confortablement au Kremlin avec un thé chaud, tout en envoyant Lavrov prendre la chaleur en son nom.
Mais au-delà de la blague, cette décision reflète une réalité plus profonde : la Russie ne veut plus jouer selon les règles d’un jeu diplomatique où elle se sent piégée. Le boycott de l’Assemblée générale par Poutine est un message clair : “Si les États-Unis ne veulent pas être des hôtes dignes, nous n’avons pas besoin de nous forcer à venir.”
Cela soulève une question fascinante : l’ONU peut-elle continuer à fonctionner de manière efficace lorsque des puissances mondiales commencent à la contourner ?
Ou pire, quand ses grandes réunions deviennent des scènes de conflit diplomatique plutôt que de dialogue ? Entre les visas bloqués et les discours enflammés, on se demande si l’Assemblée générale ne ressemble pas de plus en plus à une réunion de famille tendue où personne n’ose vraiment parler des problèmes.
En attendant, Poutine gardera sans doute un œil attentif sur les événements depuis Moscou, en sirotant son thé. Lavrov, quant à lui, aura tout le plaisir d’affronter les tempêtes de New York – littéralement et diplomatiquement.
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