La République démocratique du Congo (RD Congo, RDC) est un acteur émergent de l’industrie mondiale des batteries. Elle dispose d’importantes ressources naturelles, comme le nickel et le cobalt, et de faibles prix de l’électricité. Tous ces facteurs font que le gouvernement congolais est très désireux de développer une capacité locale de fabrication de batteries. Cependant, il doit relever plusieurs défis pour devenir un acteur majeur au niveau international, et encore moins un acteur capable de concurrencer l’Asie ou l’Europe.
La RD Congo peut devenir un fournisseur important de batteries pour les véhicules électriques. Bien qu’encore à un stade précoce, il y a déjà quelques acteurs industriels dans ce secteur, et beaucoup d’autres attendent dans les coulisses. Selon Bloomberg New Energy Finance, plus de 20 milliards de dollars US seront investis dans le stockage de l’énergie dans le monde d’ici 2040.
Le gouvernement congolais veut profiter de la croissance attendue de ce marché. L’industrie des véhicules électriques a connu une forte croissance ces dernières années, mais avec l’essor des nouvelles technologies, la demande de batteries augmente rapidement. Cette tendance se poursuivra jusqu’à ce que les véhicules électriques deviennent compétitifs en termes de prix par rapport aux moteurs à combustion interne (ICE). “D’ici 2035, nous prévoyons que 50 % de toutes les voitures vendues dans le monde seront électriques”, déclare Cyril Benso, cofondateur de BriaCell Technologies.
À bien des égards, le grand potentiel de la République démocratique du Congo bénéficie de cette évolution vers la mobilité électrique. Le faible coût de la main-d’œuvre et la croissance de la population active devraient l’aider à être compétitive sur la scène mondiale. En outre, elle dispose de grandes réserves de minéraux tels que le nickel et le cobaltqui sont nécessaires pour les batteries au cobalt.
Cependant, la RDC a un énorme désavantage pour concurrencer les autres fabricants de batteries : les infrastructures. Ses ports et ses routes sont soit inutilisables soit submergés par le traffic, ce qui rend très difficile l’exportation efficace de ses produits. En outre, bon nombre de ses sites industriels ont été abandonnés en raison de la guerre, instabilite et du manque d’investissements. L’expansion industrielle est donc plus coûteuse en RDC que partout ailleurs dans le monde.
Pour devenir un fournisseur de premier plan de batteries au niveau international, le Congo devra améliorer considérablement ses infrastructures. À l’heure actuelle, même les usines qui produisent des biens relativement simples, comme les textiles, rencontrent des difficultés pour acheminer leurs produits vers les navires. “Le Congo a besoin de meilleures liaisons ferroviaires”, déclare Alexander Kettley de Cobalt 27 Capital, un spécialiste des batteries.
Le gouvernement congolais a commencé à prendre des mesures pour atteindre son objectif, mais il devra investir massivement dans ses secteurs avant de pouvoir devenir un fournisseur majeur de batteries des véhicules électriques. “Le Congo a besoin de meilleures liaisons ferroviaires”, explique Alexander Kettley de Cobalt 27 Capital, spécialiste des batteries.
En 2016, le Plan national de développement (PND) de la RDC a établi des plans pour donner la priorité au développement économique et à l’industrialisation. Le PND vise 2035 comme l’année où le Congo disposera d’une capacité électrique suffisante et de mesures d’efficacité énergétique pour alimenter la croissance démographique et stimuler l’industrie manufacturière. Cependant, le plan ne détaille pas la manière dont la RDC va atteindre ses objectifs.
Actuellement, il est nécessaire d’avoir une compréhension approfondie des coûts logistiques afin d’optimiser le potentiel de la RDC en tant qu’exportateur de batteries des véhicules électriques. Des taxes d’importation élevées sont appliquées aux ports d’entrée de la RD Congo, rendant les matières premières importées trop chères pour être utilisées par les fabricants congolais.
Le nouveau PND devrait donc inclure des dispositions qui encouragent les entreprises à s’établir dans ce secteur, tout en veillant à ce que les niveaux de taxation et les procédures douanières soient propices à leur expansion. La formation est une autre question qui nécessite l’attention du gouvernement. Selon les experts, la production de batteries à grande échelle nécessite des travailleurs hautement qualifiés qui sont difficiles à trouver dans le pays. Le gouvernement congolais devrait donc faire de la formation une priorité pour que le pays dispose d’une main-d’œuvre capable de répondre à ses besoins.
Enfin, les entreprises de ce secteur doivent pouvoir accéder à une aide financière. Selon M. Kettley, les banques et les institutions financières devraient s’attaquer au manque de financement des nouveaux projets manufacturiers en offrant un soutien à des conditions plus favorables qu’actuellement.
Les congolais resteront dépendants des fournisseurs étrangers tant que les infrastructures ne seront pas améliorées et que des mesures de formation ne seront pas mises en place. Le gouvernement congolais a fait des progrès significatifs en créant une loi-cadre pour la promotion des investissements et la lutte contre la corruption, mais ses objectifs d’efficacité énergétique restent loin d’etre atteints.
Pour relever les défis auxquels elle est confrontée, la RDC devra s’attaquer à ses contraintes les plus importantes, qui sont traditionnellement d’ordre administratif. Le gouvernement a déjà fait quelques efforts pour améliorer l’administration douanière et augmenter la collecte des impôts. Cependant, le Congo se classe toujours 168e sur 176 pays pour la facilité de faire des affaires dans le rapport Doing Business 2018 de la Banque mondiale, avec des scores faibles pour la création d’entreprise (155) et l’exécution des contrats.
Tant que le Congo ne sera pas en mesure de fournir de l’électricité à un prix abordable ou de garantir la stabilité politique, il sera dependent on foreign suppliers.
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